L'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour s'est exprimé sur plusieurs points socio-économiques en rapport avec l'avenir du pays. Celui-ci, selon l'ex-chef du gouvernement, ne peut prospérer qu'avec le départ du pouvoir en place. Lors d'une conférence tenue, à la Chambre de commerce et de l'industrie, à Annaba, l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour a traité des perspectives du pays et la thématique du changement de la géostratégie mondiale. Des points cruciaux dont ont découlé plusieurs conséquences à l'origine de la situation prévalant dans le pays. En ce sens, l'orateur a soulevé le cas de la délinquance politique multidimensionnelle. «Celle-ci qui, perdurant dans le temps et dans l'espace a engendré des maux socio-politiques dont la corruption, la violence, des pertes de la morale collective, l'institutionnalisation de l'ignorance et de l'inertie, n'est pas malheureusement, en bonne posture à tous les niveaux pour se mettre au diapason des pays en voie de développement.» Conséquence sine qua non, pour un pouvoir dirigé par le principe «s'aligner avec moi ou contre moi». Une fausse note qui fait que, l'Etat est devenu réceptif à sens unique, ne réceptionnant plus l'écho de la base. Situation à laquelle s'ajoutent les fonds des rentes...Un tout donnant de facto un élan de déperdition du statut de l'Etat». Dans son intervention, Ahmed Benbitour a souligné que le pays, en dépit de ses énormes potentialités, «est en train de consommer les ressources d'aujourd'hui sans prendre en considération l'avenir des générations futures». En ce sens, le conférencier a mis en avant, voire a averti sur la situation d'inflation qui va s'installer dans le pays, d'ici deux à trois ans, appelant par la même à la nécessité d'une réédification de l'Etat algérien. Pour cela, l'ancien chef du gouvernement a souligné que «la reconstruction du pays, est la priorité des priorités». Pour cela, a estimé l'orateur «une période de transition et d'austérité sont inévitables, mais, l'impératif pour l'heure, c'est la reconstruction du pays et non la chasse aux sorcières», même si cependant, a-t-il estimé il est important que le pays récupère les deniers publics des banques algériennes et étrangères. Pour le conférencier «la réédification de l'Algérie nouvelle à laquelle appellent les Algériens ne vient pas par le seul changement de figures, mais exige le changement de tout le système». Tout en insistant sur une démocratie participative, Benbitour a estimé qu'après 10 semaines de Hirak populaire, «rien n'a encore changé au sommet de l'Etat. Le pouvoir a ignoré les articles 7 et 8 de la Constitution et s'est contenté uniquement de l'application de l'article 102, permettant ainsi aux responsables qui ont conduit le pays vers la faillite, de continuer à diriger». Par ailleurs, Ahmed Benbitour a appelé le Hirak populaire à cristalliser ses revendications dans un programme et de désigner des personnes capables de négocier avec le pouvoir, estimant que la négociation signifie «entrer dans une phase de changement et de concrétisation de la transition vers l'Algérie nouvelle». Pour cela, le conférencier a présenté des propositions de réformes qui reposent sur «la création de pôles régionaux d'investissement», «de banques d'affaires» et «la définition des priorités de développement». Ahmed Benbitour a également proposé de mettre sur pied de hauts commissariats de prospective, de politique énergétique, de promotion des compétences et d'élaboration de politique de refondation de la citoyenneté. L'Algérie, a affirmé Benbitour, recèle des atouts qui «doivent être valorisés par des dirigeants compétents, capables de concrétiser la bonne gouvernance et d'accompagner le monde en perpétuelle mutation par la maîtrise du savoir». En développant sa vision pour un changement total du système pour laisser place, comme alternative, à un régime qui repose sur la séparation des pouvoirs, l'ex-chef du gouvernement a fait savoir qu'il préférait ne pas se présenter à l'élection présidentielle. Ahmed Benbitour s'est déclaré cependant prêt à participer à la rédaction de la feuille de route, notamment sur les volets profils et capacités des négociateurs, tout en avouant que le redressement ne sera pas facile «d'ici 2025, l'horizon s'avère très difficile pour l'Algérie qui a besoin d'une élite compétente et propre, d'une force motrice, d'une vision et d'un leadership au sens démocratique, pour sortir du néant», a-t-il précisé. Organisée par le comité d'initiatives et de vigilance citoyenne de Annaba (Civc), la conférence a été d'autre part caractérisée par un débat fructueux, autour de questions sensibles, auquel ont pris part des étudiants, des notables et hommes d'affaires de la wilaya.