Les scandales financiers rendent urgent l'assainissement moral des banques. Qu'est-ce qui bloque l'installation des banques étrangères en Algérie? Plus prosaïquement, quels sont les obstacles qui se dressent devant la modernisation bancaire en Algérie? Commençons tout d'abord par revenir aux scandales bancaires, aux détournements de milliers de milliards de dinars, avant de noter tout simplement que depuis plusieurs mois, les agences bancaires n'accordent plus de chéquiers à leurs clients. Et puis on ne passera pas sous silence cette mesure prise par le gouvernement en 2004, obligeant les entreprises bancaires à ne déposer leurs fonds que dans les banques publiques. La Banque d'Algérie elle-même, de l'avis de nombreux observateurs, a été défaillante en matière d'application des règles prudentielles. Ce qui a ouvert la porte à tous les scandales financiers et autres détournements auxquels on a assisté ces derniers temps. Bien avant cette mesure déjà, plus de 95 pour cent des opérations bancaires tran-sitent par elles. On pourrait nous répondre: «Les entreprises privées pourraient déposer leur argent dans les banques privées, et le tour est joué». Ce n'est pas évident. Sachant que quelques entreprises publiques (Sonelgaz, Sonatrach, Air Algérie, Algérie Télécom, etc), seulement concentrent en leurs mains l'essentiel de la richesse en Algérie, on voit bien qu'après ça, il n'y a plus rien à ajouter. Il y a maintenant, bien sûr, le projet de privatisation de quelques banques publiques, comme le CPA, et peut-être bien dans un deuxième temps la BDL. Le marché financier n'existe pas en Algérie, la Bourse d'Alger elle-même fonctionnant à vide, malgré l'entrée en bourse de Saidal, d'Eriad Sétif et de l'hôtel Aurassi. Plusieurs fois annoncée, à chaque fois reportée, la réforme bancaire et financière est, semble-t-il, définitivement sur les rails, puisqu'on nous assure cette fois que l'année 2006 sera la bonne. Un système de chèque sécurisé est en voie d'être mis en place, rendant plus sûres la télé-compensation et les opérations bancaires. Une chose est sûre, tant que les banques obéissent à l'injonction administrative, n'accordant des crédits que sur ordre venu d'en haut, l'activité bancaire elle-même est aléatoire. Il a fallu que certaines banques étrangères, comme Société générale, commencent à innover dans le domaine du crédit à la consommation pour qu'on voie la différence qu'il peut y avoir entre une banque qui prend du risque et va à la recherche du client, et une banque bureaucratisée qui ne fait absolument rien pour attirer les clients, voire leur met des bâtons dans les roues pour les décourager. Dans le même ordre, on apprend que la branche crédit à la consommation de BNP Paribas ou Ecureuil, spécialisés dans l'épargne, est intéressée par le marché algérien. En outre, le maillage du territoire national en agences bancaires est nettement insuffisant, comparativement aux normes mondiales. Ce qui explique que l'Algérien moyen ne voit pas dans son agence bancaire un partenaire qui peut l'accompagner dans les diverses activités ou projets qu'il peut mener, mais plutôt une simple caisse de dépôt. Tirant la leçon de toutes les carences, le Conseil de la monnaie et du crédit, instance de régulation dans le domaine, vient d'approuver deux règlements, l'un portant sur la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, et l'autre relatif au système de compensation de chèques et autres instruments de paiement, en s'appuyant sur les recommandations du Groupe Action financière internationale (Gafi). Le second règlement, dit Algérie télécompensation (Atci) porte entre autres sur la création d'un centre de précompensaton interbancaire, et est appelé à fournir aux adhérents du système les services dont ils ont besoin.