Les étudiants, surpolitisés à la faveur du mouvement du 22 février «Le mouvement du printemps 1980 a fait sortir l'Algérien du ghetto lui ayant été imposé en isolant le peuple de la réalité», dira un étudiant. «Pacifique, pacifique», «nos revendications sont légitimes», «pacifique», «justice sociale». Tels ont été les slogans principaux, scandés hier par une foule importante composée de plusieurs centaines d'étudiants sortis dans la rue pour réitérer leur attachement, sans démontrer un petit signe soit-il de relâchement, au changement. Venus des universités de l'Igmo, Es Senia, Usto, et le nouveau bloc universitaire de Belgaïd, les marcheurs ont été nombreux à dire que le «changement est imminent, d'où le ton haussé» en vue «de la concrétisation» de ce projet politique tenant à coeur tous les acteurs politiques, mais surtout l'ensemble des Algériens aspirant à faire table rase en enterrant le passé pour s'ouvrir sur une nouvelle ère harmonisée avec le progressisme et le respect total des libertés lambda dans le cadre d'une nouvelle République à mettre en place où chacun des Algériens trouvera goût à vivre dignement. Les étudiants, surpolitisés à la faveur du mouvement du 22 février, ne semblent plus vouloir faire dans la figuration en assistant, sans juger utile d'intervenir, à l'asphyxie du mouvement populaire ni à son essoufflement. Notre marche d'aujourd'hui est une manière de couper l'herbe sous les calculateurs misant sur l'étouffement de la révolution pacifique déclenchée le 22 février dernier», dira un étudiant expliquant que «ces manipulateurs et comploteurs se gourent sur toute la ligne en basant sur leurs calculs l'épuisement de la volonté populaire». «Leur jeu insidieux, étant déjoué depuis le 22 février, nous n'avons de choix que d'inscrire notre mouvement dans la durée», a-t-il enchaîné ajoutant en argumentant que «la meilleure preuve est cette marche et celle de chaque vendredi». Ces deux marches constituent deux repères importants marquant l'histoire du mouvement populaire. Le premier est tenu en fin de semaine, tandis que le deuxième est organisé au milieu de la semaine. Ces deux événements ne sont pas le fait du hasard. le vendredi est, pour plus d'un manifestant, synonyme de la participation ouverte à toutes les couches sociales alors que la marche de mardi constitue un prélude mobilisant les citoyens pour la journée de vendredi. «C'est une sorte d'entraînements et des préparatifs pour le vendredi, journée durant laquelle tout le peuple sort dans la rue», dira une étudiante. Pour d'autres, la journée de mardi est, certes réservée pour le mouvement estudiantin. Là est tout l'enjeu. Les lectures sont multiples et variées. «Les étudiants sont tout simplement une partie de cette société qui sert de catalyseur des luttes et des combats sociaux», a expliqué une étudiante en prenant comme référence le mouvement d'avril 1980.