Un nouveau vent de liberté a soufflé sur la presse Les marches pacifiques historiques, qui rythment la vie du pays depuis le 22 février, ont débridé le paysage médiatique de manière incontestable. Le 22 février 2019 restera une date phare dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Un repère certainement dans sa longue quête de démocratie, de justice sociale, de liberté d'expression en général et de liberté de la presse en particulier. C'est dans ce contexte, aux relents de révolution, que l'Algérie a célébré, hier la journée internationale de la Presse. Loin des manifestations pompeuses organisées par les pouvoirs publics. Une particularité qui témoignait du fait que les médias nationaux demeuraient encore sous tutelle, malgré des avancées significatives. Il demeurait en effet une ligne rouge que de rares quotidiens et encore moins de chaînes radios ou de télévisions osaient franchir. La présidence de la République incarnait ce «symbole sacralisé». C'était sans compter sur cette tempête qui allait le balayer. L'ex-chef de l'Etat renoncera à un cinquième mandat avant de démissionner le 2 avril. La révolte du 22 février est incontestablement l'étape majeure, exceptionnelle de par son caractère pacifique, qui a mis l'Algérie sur les rails d'une véritable démocratie. Pour parfaire un idéal au goût d'inachevé. Dans la liesse, dans une solidarité et une mobilisation inégalée dans l'histoire des mouvements de revendication. Comme pour inverser le destin, la trajectoire de ce pays, qui a dû à de nombreuses reprises en payer le prix fort pour sortir de l'ombre à la lumière. De la chape de plomb à la liberté d'expression. Du rêve à la réalité. La colère et la révolte se sont mises en branle pour crier à l'injustice. C'est en tout cas un des mécanismes qu'un peuple indomptable, trop longtemps bâillonné, a mis en branle pour faire table rase d'un système à bout de souffle. C'est le parfum de février 2019. Celui qui a fait la part belle aux débats, au respect du point de vue de l'Autre... Une révolution culturelle, des moeurs naissantes certes, qui impacteront ostensiblement la liberté de la presse pour casser le monopole de l'information et de la communication chasse gardée d'un pouvoir qui allait finir par être happé sans crier gare par cette vague, ce tsunami qui allait donner un tournant décisif à un pays sclérosé par des décennies d'un règne sans partage. Ce qu'aucune «révolution» n'a réussi à réaliser jusque-là. Le Hirak le fera dès les premiers jours de sa naissance. Né des marches pacifiques exceptionnelles qui ont subjugué le monde, il porte en son coeur des revendications hautement politiques qui ont pour objectif d'instaurer une seconde République. De mettre fin à un pouvoir qui a, de façon permanente, maintenu une épée de Damoclès au-dessus des têtes des médias de la presse écrite et mis ceux de l'audiovisuel sous une coupe réglée, des décennies durant. Les journalistes ne mettront pas longtemps pour relayer les slogans du Hirak et revendiquer le droit de s'exprimer librement. Meriem Abdou journaliste vedette de la Chaîne 3, sera la première à dénoncer la censure. Pour joindre le geste à la parole, elle démissionnera de son poste de rédactrice en chef. Les radios, les télévisions dont l'Entv couvriront en temps réel les marches populaires qui feront tomber l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, Tayeb Belaïz président du Conseil constitutionnel, l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia et son gouvernement. Les quotidiens privés, mais surtout ceux du secteur public sur lesquels pesait une chape de plomb insoutenable, donneront libre cours à leurs écrits. Un nouveau vent de liberté a soufflé sur la presse depuis le 22 février. Le Hirak a incontestablement libéré les plumes.