Le président russe, Vladimir Poutine a estimé hier que la décision de Téhéran de revoir certains de ses engagements concernant le traité de 2015 sur le nucléaire est tout à fait compréhensible, compte tenue de la «pression déraisonnable» qu'elle subit, faisant allusion aux pressions et aux sanctions des Etats-Unis touchant désormais tous les secteurs. Le Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) iranien a annoncé tôt hier que l'Iran allait cesser de limiter ses réserves d'eau lourde et d'uranium enrichi. «Les décisions irréfléchies et arbitraires, menant à une pression déraisonnable sur l'Iran, provoqueraient des mesures fâcheuses par la suite, auxquelles nous sommes confrontées aujourd'hui», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avant d'ajouter que la Russie restait «engagée» à l'accord sur le nucléaire iranien. Les états-Unis, qui se sont retirés du traité en mai 2018, ne se sont pas contentés uniquement de rétablir les sanctions contre Iran, mais ils ont demandé aussi auprès de leurs alliés de cesser d'acheter le pétrole Iranien. La Russie a exhorté les signataires restants de l'accord sur le nucléaire iranien, après le retrait des états-Unis l'an passé, à «remplir leurs obligations» pour sauver ce texte négocié de longue date et signé en 2015. «Les seules mesures pratiques qu'il faut prendre pour régler la situation autour de l'accord est de convaincre tous les participants de la nécessité de remplir leurs obligations», a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à l'issue de pourparlers à Moscou avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.»Nous allons nous efforcer de convaincre avant tout nos partenaires européens qu'ils doivent remplir leurs promesses», a-t-il poursuivi, appelant au renforcement du mécanisme censé permettre à l'Iran de continuer à commercer avec les entreprises de l'UE en contournant les sanctions américaines, une initiative qui a jusqu'à présent connu peu de succès. M. Lavrov a qualifié l'accord, qui implique la Russie, la Chine, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Iran, de «construction très compliquée» et «équilibrée» qui a été «très fragilisée» par le retrait des états-Unis, il y a exactement un an. Ce sont ces agissements qui ont poussé le président iranien, Hassan Rohani, à appeler vendredi dernier ses compatriotes à «résister et ne pas céder face aux pressions des états-Unis et de ses relais».»L'Amérique ne se lassera de ce jeu qu'une fois qu'elle réalisera qu'il ne la mènera nulle part. Nous n'avons d'autres choix que celui de résister et de rester unis», a déclaré M. Rohani, dans un discours télévisé. «Notre guerre aujourd'hui est une guerre sur l'espoir. Les états-Unis veulent briser nos espoirs, et nous devons briser les leurs. «Ils (les états-Unis) veulent supprimer nos réserves en devises étrangères (...) ils cherchent à semer la discorde dans notre pays. Ils veulent que nous soyons divisés, que nous nous dressions les uns contre les autres», a-t-il insisté. Les pressions des états-Unis pèsent lourdement sur l'économie iranienne. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB de la République islamique va chuter de 6% en 2019, après un recul de 3,9% en 2018.