Le franc français, la devise la plus prisée des Algériens, est en train de vivre ses derniers jours de monnaie de change. Jeudi, il est encore «échangeable» dans les banques nationales et le marché parallèle. Alors que l'euro était opérationnel dans les pays de l'Euroland depuis le 1er janvier, il était encore introuvable dans les coffres des banques et le marché parallèle. Selon un responsable du CPA, l'euro ne sera disponible pour les clients que demain. Alors que la Banque centrale d'Algérie avait annoncé que l'euro serait disponible le 2 janvier. Les premiers billets de la monnaie unique ne sont arrivés dans les coffres des principales banques de la capitale que jeudi et la distribution a été reportée à demain en raison d'un retard important dans l'enregistrement des comptes devises. Même si certaines banques avaient pris leur disposition en ouvrant de nouveaux comptes devises, l'opération de passage à l'euro ne s'est pas déroulée dans de bonnes conditions. En effet, de nombreux Algériens se sont rués sur les guichets des banques pour ouvrir des comptes ou échanger leurs devises «cachées», ce qui a provoqué d'importantes erreurs dans l'enregistrement et les opérations de change. Pour faire face à la difficulté, les responsables des banques ont obligé leurs employés à travailler le 1er janvier. Jeudi 3 janvier, l'euro était une curiosité pour de nombreux Algériens. Quelle ne fut la surprise d'un client de la BEA, venu faire le retrait d'une certaine somme en euros, de voir l'opérateur lui donner des francs français. L'inquiétude était plus perceptible, chez les voyageurs en partance pour l'Europe, qui n'ont pas voulu accepter les francs français et qui on eu droit à des dollars et des livres sterling. Pour certains clients, rencontrés dans les banques de la capitale, l'euro ne remplacera jamais le franc sur le marché parallèle, parce qu'il englobe plusieurs monnaies européennes aux taux de change différents, ce qui les a poussés à ouvrir des comptes et profiter du cours normal du marché monétaire. Un avis que ne partagent pas les boursiers clandestins du square Port-Saïd, qui se sont déjà équipés de calculatrice de conversion du franc à l'euro. Selon une personne qui a l'habitude des changes au noir , l'euro pourrait être échangé en dinars dans les semaines à venir. D'ailleurs, selon certaines informations, l'indice de l'euro pourrait augmenter de 5% par rapport au taux de change habituel, ce qui donne un euro à 80DA contre 69DA sur le taux fixé par la Banque d'Algérie. Ce qui est sûr, c'est que contrairement aux prévisions, l'euro ne provoque aucun bouleversement dans les habitudes des trabendistes, qui continuent à travailler avec le franc français, ce qui explique la bonne santé de cette devise, actuellement échangée à 12,80. Interrogé sur cette nouvelle donne monétaire, un commerçant installé au tunnel des Facultés qui a l'habitude d'acheter sa marchandise en pesetas (monnaie espagnole), l'arrivée de l'euro est une bonne chose dans la mesure où on pourra acheter dans n'importe quel pays de l'Euroland et ce, grâce à la même monnaie. Quoi qu'il en soit et malgré l'absence de la monnaie unique sur le marché, l'euro fera à coup sûr son baptême du feu cette semaine et le franc français restera opérationnel jusqu'au 1er février, date à laquelle l'ancienne monnaie française disparaîtra définitivement des opérations de change dans les banques commerciales algériennes.