L'ancien patriarche maronite du Liban, Nasrallah Boutros Sfeir, figure respectée qui joua un rôle incontournable dans la vie politique et fut un ardent partisan du retrait de la Syrie, est décédé hier, à quelques jours de ses 99 ans. Mgr Sfeir était devenu en 1986 le chef de la plus grosse communauté chrétienne du Liban, un pays alors déchiré par une guerre civile meurtrière à caractère confessionnel qui a opposé 15 années durant ses milices. Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, il avait présenté sa démission au Vatican en 2011, à l'âge de 90 ans, en raison de sa santé déclinante. Il avait été nommé cardinal en 1994 par le pape Jean-Paul II. Dans un communiqué diffusé par l'agence de presse officielle ANI, son successeur, Béchara Boutros Rahi, l'a qualifié d'»icône» de sa fonction et de «pilier de la nation». «L'Eglise maronite et le Liban sont en deuil», a-t-il ajouté. Né en 1920 à Rayfoun, un village de la région du Kesrouan (nord-est de Beyrouth), Mgr Sfeir a étudié la théologie et la philosophie. Il avait fait de l'indépendance du pays son cheval de bataille, prenant ouvertement position contre la mainmise de la Syrie qui a maintenu plusieurs milliers de soldats au Liban, même après la fin de la guerre civile (1975-1990). Au cours des années qui ont précédé sa démission, l'ancien chef de l'Eglise maronite a critiqué le Hezbollah, le qualifiant en 2010 d'»anomalie» dans le paysage politique.