Les étudiants, les travailleurs et les enseignants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa ont honoré, hier, leur rendez-vous hebdomadaire. Si l'heure et le lieu de départ de la manifestation ainsi que l'itinéraire étaient respectés, le nombre de marcheurs, par contre ne l'était pas. Un millier tout au plus ont battu le pavé, hier, à Béjaïa entre le campus de Targa Ouzemour et la place de la Liberté «Saïd Mekbel». La démobilisation du jour a mis en valeur le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) qui s'est retrouvé au milieu de la procession avec un groupe d'une vingtaine d'étudiants dont trois filles, brandissant leur emblème fétiche. La semaine dernière, le même groupe traînait à la queue de la marche et à ce rythme-là, on risque de le retrouver en tête, la semaine prochaine. Un fait parmi d'autres qui a singularisé la manifestation des étudiants, hier, à Béjaïa. Tout au long du parcours, des slogans habituels ont été brandis et scandés par les marcheurs composés d'un premier carré d'étudiants et d'un deuxième plus important composé d'enseignants et de travailleurs. «Nous marcherons jusqu'à ce que le système tombe», affirme cette enseignante en chimie de l'université de Béjaïa. Drapée de l'emblème national, elle s'est toutefois dit désolée du peu de mobilisation «vous savez, avec le temps, les manifestations deviennent routinières, ajouté à cela, le jeûne qui ne sied pas à ce genre d'activité, la démobilisation n'est que la logique de l'ordre des choses». «Silmiya silmya, hourya hourya, aâdala yjima3ia» «Daoula madaniya, la aâskaria ou la islamya» «Ni Etat militaire ni Etat islamique pour un Etat civil» sont d'autres slogans qui confirment le maintien du désir d'aller vers une solution politique, ce que confirme l'autre slogan lié au rejet de l'élection présidentielle prévue pour le 4 juillet prochain. Un rejet motivé, d'abord par le maintien en poste des organisateurs connus pour être «les plus grands artistes de la fraude», pour reprendre les termes d'un manifestant, mais aussi par le fait que ce scrutin ne réglera nullement la crise, puisque, suspecte-t-on, il «ne fera que reconduire les hommes du système». Deux heures après, la manifestation s'achève, qu'un long échange verbal avec les Makistes dont le geste de tourner le dos à l'hymne national n'a pas été du goût de certains organisateurs qui se sont sentis interpellés pour organiser seuls une manifestation s'ils peuvent mobiliser et de ne plus jamais s'infiltrer ailleurs.