S'étant pratiquement assuré de poursuivre sa mission, le chef du gouvernement israélien par intérim parle désormais de définition des frontières futures entre Israël et un Etat palestinien. Intervenant à l'occasion d'un colloque sur la sécurité à Herzliya, le successeur d'Ariel Sharon confirme son adhésion marquée pour la “feuille de route”. Ehud Olmert s'est prononcé pour la mise en œuvre intégrale de ce document, qui engage Israël à cesser de créer des colonies et à démanteler ses avant-postes illégaux. Selon lui, “la seule voie pour parvenir à ces objectifs est d'appliquer la feuille de route”. Dans cette optique, il estime qu'Israël devra rétrocéder d'autres parties de Cisjordanie occupée pour fixer une frontière claire avec les Palestiniens. “Pour garantir l'existence d'un foyer national juif, nous ne pourrons pas continuer à administrer les territoires où vit la majorité de la population palestinienne”, a affirmé Ehud Olmert. Exprimant l'espoir que les législatives palestiniennes d'hier débouchent sur un gouvernement prêt à adopter la “feuille de route”, le Premier ministre israélien compte reprendre les négociations de paix. “Nous exigeons de la Direction palestinienne qu'elle agisse en conséquence”, insistera-t-il. Il ne manquera néanmoins pas de rappeler que l'Etat hébreu agira de son propre chef dans cette question des frontières si jamais les pourparlers avec la partie palestinienne n'aboutissent pas. Dans cette contexte, Olmert dira : “La mesure la plus spectaculaire et la plus importante qui nous attend est de façonner les frontières définitives de l'Etat d'Israël. Nous préférerions un accord. Si nos partenaires de négociation dans le cadre de la feuille de route ne tiennent pas leurs engagements, nous protégerons les intérêts israéliens à tout prix.” Il ne laissera cependant aucun doute sur le règlement de la question des réfugiés palestiniens en déclarant : “Les réfugiés palestiniens ne seront intégrés que dans l'Etat palestinien. Il n'y aura pas de réfugiés en Israël. C'est également la position des Américains.” Quant à la création d'un Etat palestinien, l'héritier de Sharon pense que “au cours des élections palestiniennes, les Palestiniens devront décider s'ils prennent leur destin en main ou s'ils laissent une nouvelle fois les clés aux extrémistes qui les ont condamnés à leur vie malheureuse et à leur souffrance dans le passé”. Il s'est dit favorable pour un Etat palestinien “moderne” et “démocratique”. Ehud Olmert semble accorder une grande importance aux élections législatives palestiniennes qui constituent, selon lui, “une nouvelle occasion historique de créer un Etat indépendant. Mais pour y parvenir, ils doivent renoncer à une partie de leurs aspirations nationales, comme nous avons renoncé à nos aspirations dans ce domaine”. Cette sortie médiathèque a été accueillie avec méfiance par les Palestiniens, notamment sur le point qu'Israël n'exclut pas d'agir de son propre chef sur la question des frontières. “M. Olmert doit renoncer à l'unilatéralisme. L'Autorité palestinienne est résolument attachée au processus de paix”, a déclaré le principal négociateur palestinien Saëb Erekat. Côté israélien, des partisans des colonies ont rejeté avec colère le principe de nouveaux retraits de Cisjordanie. Pour le parlementaire conservateur Aryeh Eldad, “Olmert est le commencement de la fin de l'Etat d'Israël”. Le Hamas ne désarmera pas après l'entrée au Parlement ll Le chef de file du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a affirmé, hier, que le mouvement radical ne désarmerait pas même après son entrée au Parlement, lors de son vote dans un quartier de Gaza. “Les Européens et les Américains affirment que le Hamas doit avoir soit les armes, soit le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement). Mais nous disons, "les armes et le Conseil législatif"”, a indiqué M. Haniyeh aux journalistes, après avoir voté dans le quartier de Chati, à Gaza ville. “ Ce n'est pas en contradiction”, a-t-il ajouté. “Au lieu d'exercer des pressions sur Hamas, ils devraient exercer des pressions sur Israël pour rendre leurs droits aux Palestiniens”, a poursuivi M. Haniyeh. Mahmoud Zahar, candidat en neuvième position sur la liste du groupe radical, a quant à lui déclaré que son mouvement ne modifierait pas sa charte. “Nous n'allons changer aucun mot de la charte (...) et nous appliquerons notre programme politique au cours des quatre prochaines années”, a-t-il dit après avoir voté à Gaza. “Nous allons d'abord chercher à établir un Etat palestinien sur toutes les terres que l'on pourra récupérer sans faire de concession sur la Palestine historique”, a-t-il ajouté. K. ABDELKAMEL