Cette mesure ne touche pas l'Algérie dont les téléspectateurs pourront voir le plus grand spectacle du football africain. Les téléspectateurs algériens pourront assister à la CAN-2006 sur leur petit écran, en dépit du fait que leur équipe nationale n'y participe pas. Il n'y a, en effet, aucune raison qu'ils soient privés du spectacle que vont donner les plus grandes stars du football africain en Egypte à compter du 20 janvier prochain. C'est un privilège que leur offrira l'ENTV qui a payé le prix fort auprès du groupe ART qui détient les droits de retransmission pour le monde arabe. Nous n'avons pas les chiffres officiels que ART a imposés pour tout pays qui souhaite avoir les images de la compétition africaine, mais on croit savoir que les Tunisiens ont fortement râlé lorsqu'on leur a présenté la facture proforma. Effectivement, le groupe de télévision leur aurait demandé de lui verser 500.000 euros pour les matches de la CAN-2006, une compétition pour laquelle l'équipe nationale de nos voisins est qualifiée. D'où l'énorme intérêt que prêtent les Tunisiens à cet événement sportif dans la mesure où leur opinion publique ne comprendrait pas qu'on la prive des matches que va disputer son équipe nationale en Egypte. Le problème se corse avec la coupe du monde de 2006 que l'Allemagne va accueillir en juin prochain. Là aussi, ART a acheté les droits de retransmission télévisuelle pour le monde arabe et exigerait de chaque pays la somme de 1,5 million d'euros s'il veut recevoir les images de ce grand événement planétaire. A ce prix-là c'est sûr, on ne va pas se bousculer au portillon de la chaîne arabe même si l'on sait que bon nombre de pays du tiers- monde, surtout si leurs équipes nationales sont en Allemagne, sont prêts à casser leur tirelire, car il s'agira de contenter une opinion locale très pointilleuse lorsque sont en jeu les couleurs nationales et qu'il est question de sélection sportive qui représente le pays. Le fait est que plus on avancera dans le temps, plus les télévisions auront à payer pour obtenir les images des plus grandes compétitions sportives dans le monde. Il y a un peu plus d'un an, Jacques Rogge, le président du CIO, en visite à Alger, indiquait que les droits TV étaient entrés dans les moeurs. Mais il avait ajouté que les pays d'Afrique, exception faite de l'Afrique du Sud, continueraient à obtenir gratuitement les images de Jeux olympiques. Ce n'était pas tout à fait vrai puisque selon une source digne de foi, la télévision algérienne, l'Entv, avait, tout de même, versé une somme non négligeable pour avoir le droit de diffuser les exploits des athlètes des Jeux d'Athènes en août 2004. L'Entv semble, donc, avoir bien investi le domaine pour offrir à ses clients, les téléspectateurs algériens, les spectacles sportifs les plus réputés de la planète. A ce titre, elle a trouvé un terrain d'entente avec ART concernant la CAN-2006 qui lui permettra de diffuser une vingtaine de matches en direct, soit, à peu près, un match par jour durant toute la compétition. Le téléspectateur algérien pourra, ainsi, voir les meilleurs matches du premier tour, ensuite tous les quarts de finale, suivis des deux demi-finales, du match de classement et de la finale. Il sera, en cela, un privilégié car des téléspectateurs d'autres pays vont, eux, carrément rater le rendez-vous égyptien. Et l'affaire se corse lorsqu'on sait que ces pays seront directement représentés à la CAN par leurs équipes nationales respectives. On pense au Sénégal, à la Côte d'Ivoire, au Zimbabwe, à l'Angola, à la Guinée ou au Ghana. Aux télévisions de ces pays-là, il est demandé de payer 1 million d'euros pour avoir les images de la CAN-2006 alors que pour le Nigeria, cette somme monte à 2 millions d'euros. Pour les pays non qualifiés à la CAN et aux ressources plus modestes, 500.000 euros seront suffisants pour voir le spectacle. Pour les pays subsahariens, les droits de retransmission ont été vendus, en octobre 2003, au holding béninois LC2 qui a pris la relève de TV africa qui a fait faillite et grâce à laquelle les images de la CAN étaient diffusées gratuitement. Le système de TV Africa, qui consistait à négocier des recettes publicitaires directement avec les annonceurs, n'a pas tenu le coup et LC 2 s'est retrouvé dans un terrain vierge où il a imposé son diktat. Ce groupe compte amener la CAN à être suivie par 4 milliards de téléspectateurs cumulés sur l'ensemble de la compétition. Un bien audacieux pari.