L'Algérie se pose comme le chef de file de la lutte antiterroriste aux plans maghrébin, africain et arabe. Dans une déclaration faite, il y a plusieurs jours, à la radio officielle en Egypte, où il participait à une conférence des ministres arabes aux Affaires sociales, le ministre algérien Djamel Ould Abbès a affirmé qu'Alger abritera, au courant de l'année 2006, «une conférence des Etats arabes pour endiguer le terrorisme». Selon la presse arabe qui a rapporté l'information, Ould Abbès a précisé que la conférence engagerait les Etats arabes à trouver les mécanismes de coopération en matière de lutte antiterroriste. L'organisation de la conférence sera parrainée par la Ligue arabe, et «l'objectif principal, hormis les questions pratiques d'ordre sécuritaire, sera de rassembler la société civile arabe à faire pièce au péril terroriste». Lors de la conférence du Caire, où les intervenants ont insisté sur la nécessité d'impliquer les civils dans la lutte contre l'extrémisme religieux, Ould Abbès avait mis en exergue «le rôle de la société civile en Algérie, qui avait fait échec au terrorisme». Si, donc, Alger organise «encore» cette conférence inter-Arabes, ce sera la troisième fois qu'elle le fait, se posant, de fait, comme le chef de file de la lutte antiterroriste au triple plan maghrébin, africain et arabe. En octobre 2002, la Conférence internationale sur le terrorisme s'est tenue à Alger, et a vu la participation d'experts de renommée mondiale. En 2004, un sommet africain sur le terrorisme a été organisé à Alger, et a été couronné par la décision de l'Union africaine de construire un Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme. L'organisation de la conférence arabe sur la même thématique consacrera la prépondérance, voire l'hégémonie de l'Algérie, à l'échelle arabe, dans les questions sécuritaires. Confrontés au péril terroriste depuis 1980, (l'affaire Bouyali), puis de façon plus dramatique, à partir de 1992, les autorités algériennes sont devenues des leaders dans le domaine, après avoir essuyé les plus vives critiques. Saluée par Washington et Londres, Alger tient à jour son «fichier sécuritaire» et fait même des «expansions extra-muros», pour venir en aide aux démocraties occidentales dans l'interception ou l'identification des suspects. Sur un autre plan, l'Algérie passe aussi pour le pays qui a su élaborer, à côté de la lutte antiterroriste, une politique de réconciliation, dont l'objectif est d'assécher les maquis islamistes. Depuis la première mesure, dite loi de la Rahma, initiée par Liamine Zeroual, 9000 hommes ont quitté les maquis. Le président Bouteflika a, à son actif, 6000 repentis dans le cadre de la Concorde civile et la couverture politique et juridique donnée aux hommes de l'AIS et des anciens du GIA et du Fida. Les mesures politiques et sécuritaires, l'implication de la société civile, une meilleure ouverture démocratique, ne sont pas perçues de la même façon dans le monde arabe. D'où les disparités dans les résultats et les périls nouveaux et à venir.