La suspension d'activité pour une durée allant de 6 mois à 3 ans a été décidée par le bâtonnat d'Oran. Les réformes mises en oeuvre dans le secteur de la justice, ce n'est pas seulement la modification des lois, en vue de leur adaptation à la nouvelle réalité politique et économique. C'est surtout le respect, par les avocats et les magistrats, des règles éthiques et morales régissant la corporation. Il s'agit, en fait, d'honorer le serment prêté chaque année par ces milliers de cadres du secteur de la justice. Cependant, comme l'exception ne confirme pas toujours la règle, des magistrats et des dizaines d'avocats ont fait l'objet au cours de l'année 2005, de mesures disciplinaires à travers le territoire national. Après la décision prise par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à l'encontre de certains magistrats, lors de sa dernière session, c'est au tour de la corporation des avocats de prendre des dispositions à l'encontre de certains de ses membres, accusés de manquement aux «règles morales et éthiques» régissant ce noble métier. C'est le cas du barreau d'Oran où cinq (5) avocats ont été radiés en 2005 pour «manquements graves aux obligations professionnelles», a affirmé, hier à l'APS le bâtonnier d'Oran, maître Ouahrani Lahouari. D'autres bâtonnats, seraient sur le point de rendre publiques, des mesures similaires à travers les quatre coins du pays. A Alger on parle d'ores et déjà de plus d'une dizaine d'affaires liées à des comportements contraires à l'éthique. Il est utile de rappeler que depuis quelque temps des affaires pareilles ne sont pas rendues publiques, mais sont traitées à un niveau strictement interne; ce n'est qu'il y a deux années seulement que les langues ont commencé à se délier, à la faveur de la démarche transparente qu'ont voulu instaurer les pouvoirs publics, pour lutter contre des agissements néfastes à la justice. Par ailleurs, en plus de ces exclusions, la suspension d'activité pour une durée allant de 6 mois à 3 ans, motivée par «le manquement à l'éthique et à la morale», a été décidée, par le bâtonnat d'Oran, à l'encontre d'une vingtaine d'autres avocats, a-t-on indiqué de même source. Ces mesures ont été prises par le conseil de discipline, lequel compte sept (7) membres, dont le bâtonnier, élus parmi les 31 membres du Conseil de l'ordre, fait-on savoir. Environ 1700 avocats sont inscrits au barreau d'Oran, un nombre qui sera porté à 2000 en janvier prochain avec l'arrivée de nouveaux professionnels actuellement en fin de stage, signale-t-on. A noter que des séances de consultations gratuites sont organisées tous les mercredis matin au siège du bâtonnat installé au niveau de la Cour de justice d'Oran. Il convient de rappeler, que lors d'un point de presse tenu l'année dernière, le bâtonnier d'Alger Me Silini Abdelmadjid n'a pas manqué d'étaler le linge sale des robes noires en public. Ce dernier avait dès lors indiqué l'existence de «pratiques non civilisationnelles», au sein de la corporation. En cette même occasion, Silini a confirmé l'assainissement qui s'est opéré, soit la radiation de 2800 avocats en son sein. «Sur les 4000 avocats que nous avons recensés, il n'en reste que 1200», a-t-il déclaré. Les raisons de ce «ménage» d'envergure sont dues, selon ses dires, à «l'investissement de milliers d'avocats dans des secteurs d'activité différents». «Pour être affiché sur le tableau, il faut être muni d'une attestation de la Cnas prouvant la non-affiliation à d'autres créneaux», a-t-il tranché. Des pratiques dénoncées à maintes reprises par des citoyens, qui affirment à travers les colonnes de la presse nationale avoir fait l'objet d'escroqueries et d'arnaques de la part de certains avocats véreux, qui font de ce métier un outil de gain facile.