Après les magistrats corrompus, c'est au tour des «robes noires» de se ternir encore davantage. Ils ont, pourtant, prêté serment pour servir le droit et rendre la justice au nom de la loi. Eux, ce sont ces dizaines d'avocats qui font l'objet, à travers les quatre coins du pays de mesures disciplinaires, pour avoir trahi la confiance de leurs clients et transgressé le code d'honneur de la profession. La «tchipa» n'épargne pratiquement aucun secteur d'activité, même celui censé être le premier à mener une guerre sans merci contre la corruption. Après les magistrats corrompus, ce qui a d'ailleurs amené les pouvoirs publics à faire voter des lois dissuasives, c'est au tour des «robes noires» de se ternir encore davantage par des scandales, qui vont de la corruption au faux et usage de faux. Une situation paradoxale, qui interpelle aussi bien la corporation que les justiciables, ces derniers qui doivent être imprégnés de leurs droits, leur permettant d'engager des poursuites judiciaires contre leurs propres avocats. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que l'on évoque des cas d'avocats non agréés auprès de la Cour suprême, alors que sur leurs cartes de visite, ils se font passer pour les ténors du barreau, juste pour attirer le maximum de clients. Il est donc clair que les réformes mises en oeuvre dans le secteur de la justice, ce n'est pas seulement la modification des lois, en vue de leur adaptation à la nouvelle réalité politique et économique. C'est surtout le respect, par les avocats et les magistrats, des règles éthiques et morales régissant la corporation. Il convient de rappeler qu'un véritable «toilettage» du secteur en vue de le débarrasser des éléments véreux est en cours. La corporation des magistrats a subi, en effet une véritable purge depuis la fin de l'année 2005 où pas moins d'une soixantaine de magistrats, reconnus coupables de faits répréhensibles, ont été limogés. C'est ce qu'a affirmé récemment le ministre de la Justice et garde des Sceaux. Comme il fera état de la traduction devant la commission disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature de pas moins de 17 magistrats. Le CSM qui s'est réuni au mois de décembre 2005 en session disciplinaire avait, rappelons-le, procédé à la radiation d'un magistrat et pris des mesures disciplinaires à l'encontre d'une dizaine d'autres. La même mesure d' «épuration» a eu lieu à la fin 2004, à l'issue d'une réunion du Conseil supérieur de la magistrature, présidée par le chef de l'Etat en personne. Ce qui s'est soldé par la suspension d'une quarantaine de magistrats. Une «tradition» qui selon le ministre de la Justice et garde des Sceaux permettra une meilleure moralisation du secteur et rendra confiance au justiciable. Nous apprenons, par ailleurs, de sources sûres que plusieurs autres dossiers sont actuellement en examen au niveau de la commission disciplinaire du CSM et concerneraient plusieurs magistrats. Cependant, le corps des avocats n'est pas en reste de ces pratiques attentatoires à la justice, puisque après la série de radiations et de suspensions enregistrées dans la wilaya d'Oran où cinq (5) avocats ont été radiés en 2005 pour «manquements graves aux obligations professionnelles», ainsi que la suspension d'une vingtaine d'autres, c'est au tour du bâtonnât de Batna de donner un coup de pied dans la fourmilière. En effet, d'après des sources concordantes un avocat a été radié et six autres suspendus par la commission de discipline du barreau de Batna. Cela au moment où d'autres dossiers sont en cours d'étude. 52 autres affaires font actuellement l'objet d'une enquête indique la même source. Il est utile de rappeler que lors d'un point de presse organisé en octobre 2004, le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Silini a affirmé que pas moins de 2800 avocats ont été radiés. «Sur les 4000 avocats que nous avons recensés, il n'en reste que 1200», a-t-il déclaré. A noter que des actions similaires touchent toutes les régions du pays où des dizaines d'avocats ont été soit radiés ou suspendus, en raison de manquements graves à leur devoir. Des pratiques dénoncées à maintes reprises par des citoyens, qui affirment avoir fait l'objet d'escroqueries et d'arnaques de la part de ceux à qui ils ont fait confiance pour leur rendre justice. Des comportements qui portent aussi atteinte aux hommes de loi les vrais.