La conjoncture actuelle du pays ne permet pas de tels comportements. La circulaire que vient d'adresser récemment le ministre de l'Education aux directeurs des établissements leur interdisant toute activité syndicale du fait de leur occupation d'un poste de responsabilité, a suscité l'ire des syndicalistes. Ainsi, la centrale syndicale estime que les agissements du ministre de l'Education ne sont que de la provocation qui ajoute de l'huile sur le feu. La conjoncture actuelle du pays ne permet pas de tels comportements. La trêve sociale décrétée par le SG de l'Ugta en cette conjoncture qualifiée de spéciale est, à travers ces agissements, mise en danger, estime-t-on. D'ailleurs, certains responsables de la centrale se demandent si Benbouzid ne cherche pas la confrontation avec la famille de l'éducation. En tout cas, et à en croire les propos de ces responsables qui ont été soutenus par des textes de loi en l'occurrence, les articles 2,3, 40, 50 et 59 de la loi 90/14, la tutelle n'a aucun droit d'interdire aux directeurs d'exercer leur droit syndical, lequel est consacré par les articles cités ci-dessus. Plus grave, toute action qui entrave cette loi est punie par une amende. Pour sa part, le Cla dans un communiqué adressé à notre rédaction, a appelé, à la mobilisation du monde syndical, afin de «stopper cette dérive». Il estime que la tutelle a «inventé une circulaire pour harceler les directeurs d'établissement affiliés à l'Unpef» en inventant «une fausse symétrie entre l'obligation de réserve et de droit syndical». Le Cla insiste sur le fait que cet acte est une dérive vis-à-vis de la loi, du moment que «jamais un législateur n'a défini l'obligation de réserve comme une interdiction ou une atténuation du droit syndical» et d'ajouter «aucune autorité publique ou judiciaire ne s'autosaisit face à ce qui est un précédent grave, scandaleux car, une simple circulaire illégale, suspend la légalité constitutionnelle pour lui substituer les pouvoirs d'exception d'une féodalité administrative qui gère de façon patrimoniale l'Etat de tous les algériens». Cette organisation invite, par ailleurs, la société civile à réagir contre «les atteintes à la souveraineté populaire et à la constitution». Le syndicat de Ousmane interpelle également les autorités afin de mettre fin à ce dépassement. «A ceux qui imaginent que la satisfaction des revendications passe exclusivement par les rencontres aux sommets, les tripartites et la trêve négociée sur le dos du mouvement social, nous les appelons à ouvrir les yeux sur la régression sociale des travailleurs de l'éducation» lit-on dans le communiqué. Les mêmes réactions ont été sondées du côté du syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la formation (Sntef), son président M.Ider, compte saisir la justice afin d'annuler cette circulaire laquelle est considérée comme étant «anticonstitutionnelle». Les syndicats n'étaient pas les seuls à être outrés par la circulaire de Benbouzid, les partis politiques, en l'occurrence le PT, le MSP et le FLN, ont de leur côté exprimé leur rejet de ce document qui touche à un des « principes de la constitution » à savoir le droit syndical.