L'organisation de Sidi-Saïd considère que les directeurs d'établissement scolaire ont le droit d'avoir une activité syndicale, tout en estimant que les déclarations du ministre de l'Education ne vont pas dans le sens de la trêve sociale à laquelle elle avait appelé.. Les mises en garde à peine voilées du ministre de l'éducation contre les directeurs des établissements scolaires à qui il est demandé, dimanche, de choisir entre le poste de responsabilité où la casquette syndicale ne sont visiblement pas du goût de la Centrale de l'UGTA. Cette dernière, par la voix d'un haut responsable, qui a néanmoins souhaité gardé l'anonymat, n'hésite pas à qualifier les propos de Benbouzid de “provocation”. Pour ce responsable, qui met en relief la particularité actuelle du contexte politique, “l'opportunité (de la sortie) est mal choisie et on se demande si le ministre de l'éducation ne cherche pas à provoquer la famille de l'éducation pour aller vers une grève”. Le responsable syndical rappelle l'appel lancé, la semaine dernière, par Abdelmadjid Sidi-Saïd pour une trêve sociale, en raison de la maladie du président de la République. “Les travailleurs y ont adhéré spontanément”, se réjouit-il, regrettant en revanche l'attitude du ministère qui, selon lui “veut rompre cette trêve”. “Les déclarations de Benbouzid constituent pour nous un dérapage inacceptable”, soutient-il encore. Outre le contexte politique, notre interlocuteur bat en brèche la démarche du ministère de l'éducation sur le plan du droit, expliquant que la loi 90/14 dans ses articles 2, 3, 40,50 et 59 permet aux directeurs d'avoir une activité syndicale, au même titre que les autres catégories professionnelles du secteur. “Toute entrave au libre exercice syndical tel que prévu par cette loi est punie d'une amende”, commente le responsable syndical pour qui “la déclaration du ministre est en violation directe des textes de la République”. Mais, au-delà de la dernière sortie du ministre, avant-hier, à l'occasion d'une journée d'étude sur les risques majeurs en milieu scolaire, l'UGTA a d'autres griefs contre l'administration de l'éducation, notamment la question salariale qui est au cœur même des revendications des enseignants. “Le ministère n'a jamais voulu associer le partenaire social et prendre en compte ses propositions sur ce dossier”. En ayant cette réaction immédiate, alors qu'habituellement elle prend toujours le temps de digérer les choses, la centrale de Sidi-Saïd prend, pour ainsi dire, de la “hauteur” en arrangeant les bretelles à Benbouzid, tout en coupant dans le même temps l'herbe sous les pieds de la Coordination syndicale qui a appelé à deux jours de grève, à la rentrée des vacances d'hiver. Pour rappel, le ministre de l'éducation, soucieux à l'évidence d'assurer une permanence de l'administration, a considéré que les directeurs d'établissement n'ont pas le droit d'avoir une activité syndicale. Ces directeurs, ou du moins un certain nombre, n'ont pas pensé à se doter d'un cadre syndical pour pouvoir se défendre face à d'éventuelles sanctions auxquelles ils feraient face, maintenant qu'ils sont comptables de leur bilan, à chaque fin d'année. L'année dernière, certains sont passés sous les fourches caudines de la commission de discipline à cause des mauvaises performances de leurs établissements respectifs. N. S.