Le ministre de l'Education nationale a lancé, hier, une invitation aux syndicats agréés du secteur de l'éducation et aux représentants des enseignants, les conviant à prendre part à des rencontres qui seront programmées d'un commun accord. Cette démarche, qui, selon le département de M. Benbouzid, entre dans le cadre de la politique de dialogue et de concertation avec les partenaires sociaux, vise à trouver les solutions adéquates aux préoccupations des personnels du secteur. Dans cette perspective, le ministère de l'Education a, dans un communiqué rendu public le même jour, fait part de sa disponibilité à débattre avec les différentes parties des problèmes socioprofessionnels du secteur et ce, « dans un climat empreint de franchise et de sérénité afin d'arriver à des solutions appropriées et à une prise en charge des doléances des personnels relevant de son secteur ». Les rencontres en question débuteront, indique-t-on, dès demain. Le premier invité est le représentant de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef). Les autres syndicats n'ont reçu, jusqu'à l'heure, aucune invitation officielle. Le porte-parole du Conseil des lycées d'Alger (CLA) s'est dit persuadé que cette nouvelle opération est destinée uniquement à donner l'illusion auprès de l'opinion nationale et internationale qu'il s'occupe des problèmes. Ce qui, pour lui, pourrait ne pas être le cas dans la réalité. « Le comportement et les agissements du ministère de l'Education envers les enseignants qui demandent tout simplement l'amélioration de leurs conditions de vie n'ont pas laissé indifférents les citoyens et les concernés qui ont d'ailleurs dénoncé cet état de fait. Aujourd'hui le ministre essaye de se rattraper en lançant cette nouvelle tentative qui lui permettra de soigner son image de marque », dira le représentant du CLA. Néanmoins, ce dernier n'est pas contre l'idée d'un dialogue sérieux et fructueux. « A mon sens, cette initiative est en contradiction avec les propos tenus, par le passé, par M. Benbouzid. Ce dernier a toujours refusé d'ouvrir les négociations avec les partenaires sociaux », dira M. Osmane qui est, certes, en faveur d'un dialogue effectif avec un ordre du jour et qui portera essentiellement sur la plateforme de revendications élaborée par la Coordination intersyndicale des travailleurs de l'éducation (CITE). « Si le ministre accepte de débattre de la plateforme de revendications, nous sommes disposés à nous asseoir autour de la table, par contre si son objectif est d'essayer de nous dissuader pour renoncer à la grève nous refusons », a souligné le responsable du CLA. Par ailleurs, notons que l'Internationale de l'Education (IE), la plus grande fédération syndicale mondiale d'éducateurs, représentant plus de 29 millions de membres dans 165 pays et territoires, s'est montrée récemment inquiète de la détérioration du dialogue social en Algérie. Dans une lettre adressée à M. Benbouzid, le premier responsable de l'IE a souligné que les revendications exprimées par la CITE sont légitimes puisqu'elles portent sur une revalorisation des salaires et des retraites des personnels de l'éducation, la promulgation du statut des fonctionnaires de l'éducation et la levée des entraves à l'exercice du droit syndical, dont le droit de grève. « Vous n'ignorez pas que la précarités ne cesse de s'aggraver et que l'éducation et la formation de la jeunesses sont primordiales pour le développement du pays. Or, une éducation de qualité passe par des enseignants valorisés et respectés. La paupérisation qui frappe les enseignants est inacceptable », explique les responsables de l'IE. S'agissant des droits syndicaux, l'IE rappellera que les conventions 87 et 98 de l'Organisation internationale du travail (IOIT), ratifiées par l'Algérie en 1962, garantissent le droit de former et de s'affilier librement à un syndicat et le droit de négociation collective. « En l'absence de mécanismes de concertation sociale, la grève devient l'unique moyen pour les enseignants et leurs syndicats d'exprimer les revendications. Obtenir des décisions de justice interdisant la grève à la veille de celle-ci et proférer des menaces de sanction dans les médias, durcit inévitablement le mouvement social et suscite un climat peu propice à la résolution pacifique des conflits », ont déclaré les responsables de l'IE qui demandent au ministre de l'Education de restaurer le dialogue avec les représentants des enseignants et de garantir le libre exercice du droit syndical.