Si les responsables ne réussissent pas à en faire un pôle d'attraction, il est clair que la structure est vouée à un fatal isolement et ne pourra atteindre aucun des objectifs visés. La sortie que vient d'effectuer le wali de Batna au chef-lieu de la commune, consacrée aux infrastructures culturelles, de jeunesse et de sports, a mis à nu de façon criante l'étroitesse de vue, la légèreté, voire l'incurie de certains responsables chargés de gérer et de donner vie à des infrastructures de première importance destinées, de surcroît à une frange extrêmement sensible de la population. Accompagné du secrétaire général de la wilaya, du maire de la ville et de plusieurs membres de son exécutif, le premier responsable de la wilaya n'a pas mâché ses mots en constatant quelques anomalies sur le terrain. Le cas de la bibliothèque communale qui a constitué le premier point de la visite de travail du wali, en est une parfaite et édifiante illustration. Réalisé par l'APC à l'entrée sud de Batna et ouvert au public en juillet dernier après moult péripéties, l'édifice n'est, pour l'heure, qu'une construction qui n'a de bibliothèque que le nom. Les chercheurs, les universitaires, les écoliers ou même les simples citoyens en quête de quelques moments d'évasion sont, en tout cas, bien loin d'y trouver leur compte. Vaste bâtisse à deux étages, l'infrastructure est dotée, outre la salle de lecture et la médiathèque (qui fonctionnent au ralenti), de plusieurs salles spacieuses gracieusement mises à la disposition des... araignées du coin, servant accessoirement de dortoirs aux gardiens des lieux. Les lecteurs ne se bousculent pas au portillon, les rayonnages sont désespérément vides (ou presque), tandis que le reste du bâtiment semble faire le pied de nez aux nombreuses associations culturelles et artistiques qui désespèrent de ne pouvoir donner libre cours à leur créativité, faute d'espace. «De grâce, s'est époumoné le wali à l'adresse du maire et des responsables de la culture, n'administrez pas la culture et, surtout, ne gérez pas ce lieu comme une administration qui ouvre et qui ferme à des horaires fixes, laissez les artistes s'y exprimer.» A l'heure où la création du ballet de Batna se heurte au manque de salle appropriée pour la danse (pour ne citer que ce cas), et au moment où toutes les activités artistiques se concentrent dans la seule Maison de la culture, les paroles du wali prennent toute leur signification. Rien ne s'oppose, en effet, à la polyvalence de la structure d'autant qu'en dehors des heures d'ouverture de la bibliothèque, celle-ci reste vide. De plus, construit à la périphérie de la ville, loin du centre de la cité, l'édifice n'est pas facilement accessible (au sens premier du terme) aux Batnéens, contraints, pour s'y rendre, à une satanée trotte, lorsque aucune navette urbaine ne le dessert. Si les responsables de la bibliothèque ne réussissent pas à en faire un pôle d'attraction, il est clair que la structure est vouée à un fatal isolement et ne pourra atteindre aucun des objectifs visés.