Aucune adversité ne peut entraver la démarche unifiant le peuple encadré horizontalement dans le mouvement populaire né le 22 février dernier. Les étudiants, fixés sur leurs positions, maintiennent la pression de la rue tout en multipliant ces derniers jours leurs actions. Ils sont nombreux à être sortis, hier, dans leur marche hebdomadaire pour renouveler leur mot d'ordre: le changement total du système et le départ de ses symboles, à l'instar de Bensalah et Bedoui. Autrement dit, le «dégagisme» est bien ancré dans les esprits de ces étudiants n'ayant pas de poncif, mais plutôt une velléité de ne lâcher du lest qu'une fois «la crise politique mise à plat telle que décidée par ces populations occupant la rue depuis plus de 3 mois». Ils sont venus des universités d'Es Sénia, de l'Igcmo, de l'Igmo, de l'Institut des langues de Maraval, de l'Ecole polytechnique, de l'Usto et du nouveau bloc universitaire de Belgaïd, implanté dans la partie est de la ville d'Oran. Sillonnant les artères principales de la ville, ils ont scandé des slogans hostiles au pouvoir appelant le duo Bensalah-Bedoui à se retirer et à Gaïd Salah de «ne plus se mêler de l'exercice politique». Tout en mettant l'ensemble de la classe politique, notamment celle qui a gouverné, dans le même panier d'oeufs, les marcheurs ne semblent pas dissocier de sitôt la rue. Pour eux, aucun achoppement ni encore moins une quelconque adversité ne peut entraver leur démarche ayant unifié, une bonne fois pour toutes, le peuple encadré horizontalement dans le mouvement populaire né le 22 février dernier et qui revendique le passage inconditionnel et immédiat à la IIe République. Il s'agit de consacrer ainsi les libertés lambda et l'ouverture sans limite du champ politique en ne le jalonnant pas par des préconceptions dans l'intérêt des tenants du système et aux dépens des populations. Celle-ci vit au ras des pâquerettes, en quête du bien pour toute cette population ne voyant de solution que dans «le départ des représentants du système» ou encore ce qu'ils qualifient de «la mise à plat, une bonne fois pour toutes, des résidus du système bouteflikien». Cette perception, reposant sur le durcissement de ton, peut déboucher sur des incidences plus ou moins fâcheuses et faire perdurer la révolte populaire. Les deux Hirakis d'Oran libérés Les deux Hirakis d'Oran, Karim et Djilali, ont été libérés dans le milieu de la journée de lundi dernier par la BRI sans poursuites pénales. Leur matériel qui leur a été confisqué à la fin de la marche de vendredi leur a été rendu. Les deux citoyens ont été interpellés pour le fait qu'ils mettaient des équipements nécessaires, sonorisations et autres outils de diffusion de son, à la disposition des citoyens et citoyennes s'exprimant lors de la halte observée, chaque vendredi, par des marcheurs au niveau du pont Zabana. C'est-à-dire qu'il «leur est reproché d'avoir contribué à la libération de la parole pour le peuple algérien», déplore un juriste dénonçant un tel «acte (interpellation, Ndlr)», le jugeant «d'inadmissible vu qu'aucune loi n'interdit l'utilisation des mégaphones ni les sonorisations dans les marches».