La même détermination À Oran, seul le départ des représentants du système peut constituer l'amorce du processus démocratique pour un changement total. Nombreux ont été ces hommes et ces femmes de toutes les couches sociales s'impliquant de plus en plus dans ce mouvement populaire ne répondant à aucun appel ni à aucun titre hormis à celui qu'il a décidé, en se lançant, dès le 22 février dernier, dans le front dont la visée est portée sur le changement ou encore la refondation totale de l'Etat, pour en faire un Etat de droit et des libertés lambda. Il entame son troisième mois dans un climat, certes plein d'imbroglios, vu les belligérances platoniciennes des uns et des autres aux idéaux dissemblables, tentant vainement de saborder le mouvement dont l'essence est populaire. Mais la rue ne renonce pas en intensifiant les marches, ébahissant le monde entier de par son pacifisme. Les nostalgiques du néocolonialisme ou encore du «retour aux années rouges» du terrorisme peuvent se prélasser placidement, la rue leur a démontré tout le contraire en pavoisant, chaque vendredi, avec toutes les couleurs chatoyantes d'un printemps algérien hormis celles du «rouge pourpre». «Cette période noire de l'histoire contemporaine de l'Algérie ne sera plus jamais rééditée», affirme un journaliste. Cependant, le débat politique risque, pour plus d'un, d'être spolié et dépouillé de sa substance pour laquelle se sont lancés dans la rue ces hommes, femmes, jeunes et moins jeunes pour revendiquer, outre le changement total du système, le départ inconditionnel de ses représentants et les poches de résistance, délégués par le régime bouteflikien. Cela s'apparente à «ces tentatives du retour visible des larbins du système, par une autre porte». Déterminée à aller de l'avant, la rue continue à dire son mot. «Ils seront tous déboulonnés», relève-t-on sur l'ensemble des banderoles brandies par les marcheurs, sortant en masse, multipliant leurs sorties et des actions de rue revendiquant la mise à plat d'une politique ayant mené le pays à des échecs cumulés, notamment dans les volets liés à la gestion des affaires courantes de l'Etat, mais surtout en ayant brisé cette relation devant lier le citoyen à son gouvernement. Ce n'est plus le cas depuis le 22 février, journée durant laquelle les masses populaires ont exprimé leur ras-le-bol et leur «niet» catégorique en rejetant d'abord le 5e mandat, avant de repousser toutes les offres «promotionnelles» faites par les tenants du pouvoir. C'est du moins ce que résument les manifestants de ce 14 vendredi. En sortant dans la rue, ils ont, cette fois-ci, décliné cette avance faite, encore une fois, par les tenants du pouvoir, la considérant comme une enchère menant tout droit vers la reconduction de l'ancien système et de ses représentants, d'où l'accentuation davantage de la crise». C'est donc décidé. À l'instar du reste du pays, les Oranais estiment que «l'unique et la seule offre avancée pour le moment, est une fuite en avant et rien d'autre». Pour les Oranais, «le 4 juillet ne constitue pas la solution, d'autant plus que ce système est moribond». Cela est démontré par cette frénésie politique populaire qui ne se confond aucunement avec les idéaux défendus par le duo Bensalah-Bedoui et encore moins avec les appels de Gaïd Salah, qui maintient le vote pour la journée du 4 juillet. À Oran, tout comme un peu partout dans le reste des quatre coins du pays, seul le départ des ces hommes et femmes du système peut aboutir à l'amorce du processus démocratique pour un changement démocratique. Voilà donc la feuille de route proposée hier par la rue occupée comme chaque vendredi, par des hommes, des femmes, jeunes et moins jeunes, employés et chômeurs, étudiants, journalistes et avocats, défenseurs des droits de l'homme ayant, tout le long de leur marche, scandé des slogans hostiles aux actuels tenants du pouvoir, les appelant à partir sans fracas ni laisser de traces. «Seul le départ de ces personnages peut constituer la sortie de crise», dira un jeune chômeur résidant au quartier populaire de la rue des Aurès, ex-la Bastille. Un autre, lui emboîtant le pas, a ajouté, en affirmant que «nous sommes, désormais, maîtres de notre destin et de l'avenir de notre pays». «Nous avons toutes les compétences, nous permettant de passer au changement sans aucun fracas», a-t-il expliqué. Il était donc temps de lancer les premiers jalons d'une IIe République. «Ne ratons donc pas cette occasion propice», plaide un avocat. Les Lions d'Oran emprisonnés! Les deux anges gardiens de l'Hôtel de ville ou encore les deux lions d'Oran placés comme des cerbères devant l'entrée principale de l'APC d'Oran, n'ont pas côtoyé les manifestants venus dire leur mort dans le cadre du mouvement populaire, tout en se faisant prendre en selfie par des marcheurs, immortalisant leur mobilisation et leur présence dans les marches de vendredi. Pour cause, ils sont emprisonnés par d'importantes barricades les entourant empêchant toute personne d'accéder aux escaliers de la mairie de la place du 1er Novembre, ex-place d'Armes. Plus d'un marcheur n'a trouvé rien de mieux à faire, pour exprimer sa «répugnance», tout en dénonçant un tel comportement, que de s'exclamer tout en ironisant, affirmant que «les tenants des systèmes totalitaires emprisonnent très souvent les Lions et jamais les corrompus ni les fossoyeurs de l'Algérie».