Les marcheurs ont insisté sur la solidarité entre les Algériens Le Hirak qui nous a offert une nouvelle démonstration de force, malgré les pressions des forces de l'ordre. Le Hirak boucle le Ramadhan en beauté! Hier, encore et pour la 15e semaine consécutive, des millions d'Algériens sont sortis dans les rues du pays pour demander d'une seule voix et comme un seul homme le départ des restes du système Bouteflika et le vrai changement! Un véritable exemple de pacifisme et surtout d'abnégation de la part d'un peuple qui a réussi à maintenir l'esprit «silmiya» et surtout la mobilisation, et ce malgré les piéges que lui a mis le pouvoir sur son chemin. À l'exemple des barrages filtrants ou plutôt bloquants dressés sur toutes les entrées de la capitale, ou encore les arrestations matinales apparues la semaine dernière et toujours en vigueur, hier, dans «El Mahroussa». En effet, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées, hier, aux abords de la Grande Poste. Leur crime: avoir un...emblème national. Les jeunes étaient particulièrement ciblés dans cette guerre psychologique où le sourire des manifestants finit toujours par l'emporter! Car malgré toutes ces pressions on a eu droit à une nouvelle démonstration de force avec une mobilisation comme au premier jour. Elle était même plus importante que la semaine dernière où le Hirak avait retrouvé un second souffle. Une foule toujours aussi cosmopolite composée de femmes et d'hommes de tous âges et toutes catégories confondues. Les enfants étaient également au rendez-vous pour montrer que les Algériens ne lâcheraient rien. Des arrestations, mais des Algériens qui ne lâchent rien Le pouvoir avait pourtant misé sur ce mois de Ramadhan pour maîtriser la contestation surtout que les grandes chaleurs ont pointé le bout du nez. Mais rien n'y fit! Comme ils l'avaient promis, ils ont maintenu la pression en sortant chaque semaine en masse. «On compte continuer à le faire pour l'Aïd, les vacances et s'il le faut durant toute l'année prochaine», criaient fièrement les manifestants pour montrer leur ténacité. Il faut dire que durant ce mois sacré qui était vu par les autorités comme étant l'enterrement du Hirak les Algériens ont réussi à faire tomber la présidentielle du 4 juillet prochain. C'est la deuxième grande victoire de la révolution du 22 février. Elle a été obtenue au moment où l'on s'attendait le moins. Ce qui montre que, contrairement à ce que l'on veut faire croire, les Algériens savent très bien ce qu'ils veulent. Ils ne voulaient pas d'élection avec la «isaba» et maintenant ils réfutent le dialogue avec cette même «isaba» comme ils l'ont si bien chanté hier.«makache mouchawarate il isaba» (Pas de dialogue avec la bande mafieuse), scandait en choeur la foule tout en insistant sur le départ des «3B» (le président de l'Etat, Bensalah, le Premier ministre Bedoui et le président de l'APN Bouchareb). «Pas de dialogue avec la isaba» Le dialogue prôné par le chef d'état-major de l'ANP, vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah n'a toutefois pas été complètement exclu par le nouveau Parlement qu'est la rue. «On veut des garanties avant d'entamer ce dialogue, et ce gage de bonne volonté se traduit par un départ imminent du dirigeant de l'appareil toujours en place, hérité de la présidence de Abdelaziz Bouteflika», souligne Mehdi accompagné de sa femme et de ses deux enfants. Comme Mehdi, beaucoup sont ouverts au dialogue après le départ des «3B», il y a tout autant si ce n'est pas plus de personnes qui elles réclament simplement une transition avec une Assemblée constituante. L'hommage à Kamel-Eddine Fekhar Les millions de marcheurs ont également insisté sur la solidarité entre le peuple appelant à éviter le piège du régionalisme. Les «Khawa, khawa makache el djihawiya» (frères, frères, halte au régionalisme), était chanté entre l'hymne national et les chansons du Hirak par une foule toujours aussi exemplaire. Elle s'est encore distinguée par les gestes de civisme, qui font parler d'elle au-delà des frontières, tels, que ceux qui rafraîchissent les manifestants jeûneurs en les aspergeant d'eau. Néanmoins, ils ont encore fait plus fort cette fois-ci avec une minute de silence géante à la mémoire du militant des droits de l'homme feu Kamel-Eddine Fekhar. Un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour qu'elle ait lieu à 15 h. À 15 h 01 les millions de manifestants se sont tus pour rendre hommage à ce grand homme. D'ailleurs, son ombre planait sur ce XVe acte. La communauté mozabite était cette fois présente en force. Beaucoup de manifestants ont porté la calotte mozabite en solidarité avec la famille du défunt qu'on a laissé mourir en prison. Ils ont dans ce sens demandé à ce que la lumière soit faite sur cette affaire. «Le pouvoir assassin», planait sur le beau ciel d'Alger en donnant rendez-vous pour vendredi prochain pour un «Aïd révolutionnaire»...