Une entrée musicale rythmée au son du bendir a souhaité la bienvenue à nos amis irlandais.Une surprise pour le moins inattendue et originale... La 6e édition du Festival du film amazigh se poursuit à Ghardaïa en charriant avec lui son lot de couacs, de dysfonctionnements et d'insatisfaits. Un exemple patent, auquel nous avons assisté avant-hier, dans la ville d'El A'Tef. Un ciné-bus devant projeter le film de Tahia ya Didou s'est résolu, après une heure et demie d'attente, à le projeter hors de l'enceinte de cette ville «fermée». La cause? Le camion de projection ne peut traverser les remparts. On décide alors de projeter le film juste à l'entrée en improvisant ici cette séance de visionnage en plein air en dressant la «toile» blanche sur les extrémités mêmes de l'entrée de cette ville. Comment ne s'est-on pas préoccupé de ça avant? Un drôle de quiproquo qui témoigne de la passivité de certains à faire dans le bricolage. Des «M'zabiyène» en train de voir un film sur écran géant, comme debout dans le froid, est-ce bien? En tout cas, pas confortable du tout. L'événement donc que l'on retiendra pour ce jour, est la projection de films irlandais entrant dans le cadre d'un spécial volet du festival consacré à un «Regard sur un pays. Nous avons choisi l'Irlande, dira M.Assad, commissaire du festival, car ce pays est le dernier à avoir arraché son indépendance en Europe. Nous avons même des points en commun sur le plan culturel et politique». S'inscrivant dans le cadre du Cork Film Festival, en partenariat avec Culture Ireland, le Regard qui s'est étalé sur deux jours, a compris 8 films dont un long métrage. Pour présenter ce rendez-vous incontournable, nous dit-on de ce festival qui, désormais se veut international, une délégation d'Irlandais a animé un point de presse jeudi en ouverture du festival. Il s'agit de Una Feely, du festival Cork, idem pour Eanna de Bains, Docteur Tony Langlois, professeur de média à l'université de Ulster, Docteur Desi Wilkinson, professeur de musique traditionnelle à l'université de New Castle Upan Tyne musicien et enfin Geneviève Wilkinson, professeur de français à l'université de Limerick. Tous se sont dit ravis et enchantés d'être à Ghardaïa, assurant par là la réciprocité certaine entre les deux organisations cinématographiques. En effet, les films en langue amazighe seront, nous apprend-on, projetés au prochain Cork Film Festival, qui se tiendra en octobre 2006. «Les courts métrages programmés sont parmi les meilleurs faits en Irlande», nous assure-t-on. Cela renvoie, nous dit-on, à une grande variété technique, numérique et ancienne d'animation. «En Irlande, nous sommes fiers de notre culture et on remarque que vous aussi», confie-t-on à l'adresse du public. Evoquant le cinéma irlandais, nous apprenons qu'une organisation appelée Conseil du cinéma créée en 1993, s'occupe en Irlande à distribuer le budget aux réalisateurs. 250 films par an se font en Irlande. 3 centres aident les réalisateurs à lancer leurs films et les projeter dans les différents festivals en y apportant les expertises nécessaires. Le développement des moyens technologiques a beaucoup aidé à redémarrer le cinéma en Irlande. Mais l'hégémonie des films américains est telle qu'il est difficile de montrer des films irlandais en dehors de ce pays. Aussi, le Festival Cork Film date de 50 ans, ayant établi depuis, une bonne tradition auprès du public. Les courts métrages que le public de Ghardaïa a pu apprécier s'inspirent, pour certains, de la tradition littéraire, d'autres sont plus modernes. 8 courts métrages en langue irlandaise se font chaque année dont une chaîne spécialisée s'occupe à les diffuser. Mais il n'existe pas jusqu'à présent de long métrage en irlandais, nous indique-t-on. Parmi les films au programme, que le public de Ghardaïa a pu apprécier, on peut citer, In Loving Memory (12 minutes), mettant en scène une seule histoire d'amour qui se place entre ce monde et le prochain... Storm (3 minutes), est un film qui explore le temps, mettant en valeur l'existence brève et fragile de l'humanité face à la force sans limite de la nature. Dans un registre plus moderne, un film d'animation en 3D, montre un soldat qui, se réveillant, se retrouve face à une TV pour unique compagnon. Un endroit vide conçu pour être l'Eternité. Ce film est assez violent pour les scènes de suicide multiple qu'il décrit. Ce soldat n'arrive pas à mourir après ses nombreuses tentatives... il serait donc dans une sorte de monde imaginaire, un peu à la manière de Matrix... Au programme d'hier, aussi, 4 courts métrages et un seul long métrage: The Boxer, réalisé en 35 mn. C'est l'histoire de Danny Flynn, libéré de la prison à Belfast à l'âge de 14 ans. Assez éclectique, ce programme nous dévoile en effet, un large pan du cinéma irlandais. Des films assez fluides et représentatifs d'une certaine époque, post-coloniale notamment et celle d'aujourd'hui. Rappelons que le Cork Film Festival s'est engagé à diffuser, lors de sa prochaine édition, tous les films tournés en berbère. Seront-ils traduits en anglais pour ce faire? Une condition qui s'impose d'elle-même en tous cas. En attendant, la clôture du festival promet plus de rapprochement et d'altérité avec ces musiciens venus d'Irlande qui croiseront leurs talents avec ceux d'ici pour un meilleur accord fraternel, musical et culturel. Il est déjà connu que la musique traditionnelle irlandaise est proche de la musique kabyle dans son essence. Il suffit de tendre l'oreille. Les groupes Thalweg et Mougar, qui revendiquent ainsi une fusion berbéro-celtique, en sont l'exemple vivant. Belle soirée en perspective, donc!