L'écrivain et scénariste, Akli Tadjer, est président du jury du 10e Festival du film amazigh. L'auteur de Le Porteur de cartable a déjà vu trois de ses livres adaptés à l'écran. Il entend profiter de cette occasion pour découvrir le cinéma algérien. Vous êtes président du jury du 10e Festival du film amazigh. Comment vivez-vous cette nouvelle expérience ? C'est la première fois que je suis président du jury d'un festival de cinéma en Algérie. Cela suscite en moi des sentiments contradictoires d'humilité et de fierté. Humilité car je sais qu'il faudra être à la hauteur de la tâche qui m'a été confiée : juger de la qualité d'un cinéma que je connais mal. Fierté d'apporter ma contribution au cinéma et à l'amazighité dans ce qu'elle a de plus noble, sa langue, sa mémoire, ses arts, le septième en particulier. Pour cela, je serai entouré de jurés professionnels unanimement reconnus (Jalil Lespert, Charles Nemes, Sonia Rolland, Moussa Haddad, etc). Le Festival s'ouvre avec un film sur Mouloud Feraoun. Vous-même en tant qu'écrivain, comment voyez-vous le lien entre le cinéma et la littérature ? Ce sont deux façons différentes de voyager à travers des histoires. Lorsque nous regardons un film, nous sommes happés par les images qui nous émeuvent, nous indignent, nous font rire ou pleurer instamment. La réflexion vient de l'accumulation de toutes ces émotions. Pour la littérature, le temps de la réflexion se fait au rythme de la lecture, et c'est le lecteur qui mesure le rythme. Mais lorsque le cinéma se met au service de la littérature, il peut en sortir des grands moments de plaisir. Cela peut donner l'envie aux spectateurs de découvrir l'œuvre de romanciers adaptée. S'agissant de Mouloud Feraoun, un monument de la littérature algérienne, j'ai hâte de voir le documentaire tiré de sa vie. Certains de vos livres ont été portés à l'écran… Deux de mes romans ont été adaptés pour la télévision. Le Passager du Tassili, il y a déjà bien longtemps, en 1985. C'est à cette occasion que je me suis à l'écriture de scénarios. Et plus récemment, Le Porteur de cartable. Chaque fois ce fut des expériences différentes, mais toujours enrichissantes. Pour Le Porteur de cartable, qui a été diffusé le jour de la visite de Chirac en Algérie, il y a eu des retombées extraordinaires. Le lendemain, le roman entrait dans les établissements scolaires pour être enseigné à des collégiens et des lycéens. Là, je viens de terminer l'adaptation de mon avant-dernier roman Il était une fois... Peut-être pas. Tournage prévu cette année. Quel regard portez-vous sur le cinéma amazigh et algérien ? J'ai vu, il y a bien longtemps, Chronique des années de braise. Pour être tout à fait franc, je me souviens du bruit qu'avait suscité la Palme d'or, mais de l'histoire, il ne m'en reste pas grand-chose... En revanche, je me souviens fort bien de La Colline de Baya. J'ai dû le voir au moins cinquante fois avec ma mère. Elle était très fan de cinéma kabyle. Je m'y mets, je prends la relève. Quels sont vos trois films préférés ? One million dollars baby, de Clint Eastwood. Dans un genre tout à fait différent, j'ai revu récemment Pain et chocolat. ça a bien vieilli. Je crois. Dans un autre genre aussi... Le film de Lyes Salem, Mascarade. C'est cocasse, drôle, original. Une belle découverte. Mais le cinéma de Clint Eastwood est quand même au-dessus du lot. Je crois que j'ai vu tous ses films. Un peu le trac à quelques heures de l'ouverture du festival ? Oui... Enfin non. Je suis pressé d'y être pour découvrir ces films amazighs dont on parle tant. Oui, je suis pressé d'être devant le grand écran magique. Derniers livres parus : Il était une fois... peut-être pas, éditions Lattès. Western, éditions Flammarion.