La région, qui était le fief par excellence du groupe armé constitué, a basculé vers une réconciliation totale avec les autorités. Le corps sans vie d'un ancien repenti du GIA a été découvert, avant-hier, samedi, sous le pont de Baraki, au point nommé «Salila», à la sortie nord de la ville. Il s'agit d'un dénommé Ouanane, dit «Berzezzou», un repenti qui avait fait partie du GIA entre 1993 et 1997, et qui a été réintégré dans la société à la faveur de la «loi de la rahma», initiée par le président Liamine Zeroual, en 1997. Selon les premières indications de la police locale, le repenti avait été tué d'une balle dans la nuque, traîné jusqu'au pont et jeté d'en haut. Il a été retrouvé mort vers 6 heures du matin. Une autre version donne ces détails : le repenti a été tué par balles, mutilé à l'arme blanche, éventré et traîné jusqu'au pont, où il a été abandonné. Aucune indication n'a été donnée ni sur le nombre de ses assassins ni sur le motif qui a conduit à ce meurtre. Cependant, les premières grilles de lecture convergent vers une liquidation physique par ses anciens pairs qui ont choisi de rester au maquis. Mais là encore, il faut rester circonspect: l'homme en question est un élément du GIA non du Gspc, or c'est cette dernière organisation qui mène aujourd'hui le jeu des liquidations physiques contre les repentis et tous ceux qui ont déposé les armes et mis fin aux hostilités. Le GIA est devenu crépusculaire, dépérit, et ne survit plus désormais qu'aux abords de Blida et Khemis Miliana. On peut supposer aussi que le repenti a fait les frais de son «revirement djihadiste» et qu'une faction du Gspc ait choisi de «faire la tournée des repentis» afin de dissuader les velléitaires de la repentance à quitter les maquis. Cette thèse est d'autant plus appuyée que l'homme en question avait déjà été ciblé il y a trois ans et s'en est sorti de justesse avec trois balles dans le corps et quarante jours d'hôpital. Depuis lors, l'ancien homme du GIA a totalement basculé dans l'autre camp, et on le voyait souvent s'afficher ouvertement avec les patriotes de la région. Ce nouvel acte de violence intervient le jour même du retour du président de la République en Algérie, et, même si cette lecture paraît biscornue, elle est à prendre en ligne de compte. Mais quelle qu'en soit la lecture, l'événement a mis en émoi les repentis de Baraki, qui craignent que cet acte de violence ciblé en appelle d'autres. Fief par excellence du GIA, Baraki est connu pour avoir donné naissance au GIA en 1992. Mais depuis 1997-1998, la quasi-totalité des hommes en armes de la région ont quitté les maquis, déposé les armes et mis fin aux hostilités. A partir de 2000-2001, Baraki connaît une période d'accalmie, puis d'embellie, avant de retrouver définitivement sérénité et tranquillité. Lors de la campagne d'explication du projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, Mme Benhabbylès a fait campagne à partir de Baraki, où elle a trouvé appui et solidarité auprès des repentis locaux. Ceux-ci avaient adopté le projet et s'étaient engagés à rétablir des contacts avec ceux qui restent encore dans les maquis afin de les faire descendre. A ce jour, plusieurs repentis de Baraki restent attachés à ce principe et agissent de concert avec les services de sécurité pour assécher les maquis environnants. Hier, nous avons discuté avec certains d'entre eux, qui affichaient un air de grande appréhension: «Il faut qu'on sache à quoi s'en tenir. Nous avons choisi de faire la paix, mais si risque il y a, il faut nous donner les moyens de le savoir. Nous ne sommes pas très inquiets, mais disons que nous sommes dans le doute et on veut voir plus clair», nous dit un ancien repenti qui a requis l'anonymat.