On retiendra du retour du président de la République à Alger un geste et un mot. Un geste: M.Bouteflika va vers l'emblème national et l'embrasse avec des larmes aux yeux. Moment plein d'émotion et de spontanéité. Un mot: «Epreuves». Dans son message au peuple algérien en effet, le président a déclaré: «Les épreuves que subissent parfois les individus et les peuples sont le fait de la volonté divine» ajoutant que c'est grâce à elles que se consolident les liens de solidarité et se forge la volonté d'en triompher. Au-delà de l'émotion, de la liesse populaire, de la santé retrouvée, voire même, de la signature de la loi de finances 2006, ce geste et ce mot resteront dans la mémoire des Algériens. Parce que, pendant un très court moment, les querelles de clocher s'estompent pour ne laisser place qu'à cette vérité d'un pays qui se reconnaît dans son président et dans son drapeau. Les deux ne faisant plus qu'un. Il aura fallu peut-être une maladie, une convalescence et une absence d'un mois, pour que, transcendant toutes les divergences, les Algériens resserrent les rangs. Cela n'est pas arrivé depuis très longtemps. La tyrannie qu'exerce l'image télévisuelle dans la communication politique moderne a construit autour de cette absence du chef de l'Etat sa toile interrogative, livrant la voie aux spéculations les moins vraisemblables. Et il aura fallu une image plus forte, celle du président ému devant l'emblème national, pour redonner toute sa signification à l'événement. On voit pourtant, à travers son message, que le chef de l'Etat ne nous invite pas à un nouvel unanimisme. Bien au contraire. Il s'est engagé de nouveau à poursuivre, avec le soutien des citoyens et des institutions, ses efforts en vue de conférer davantage de rationalité à l'Etat, d'engager la réforme de ses structures de manière à imposer la force de la loi et de réformer la justice et le système éducatif. La rationalité, n'est-ce pas la signature de la loi de finances, d'habitude inscrite dans l'apparat routinier de l'Etat, mais qui donne, cette fois, le coup d'envoi à la concrétisation du programme et consacre la stratégie financière de l'Etat. C'est-à-dire que juste après le geste symbolique et le mot apaisant, le président retrouve les réalités du terrain en appelant à la rationalité et à la nécessité de retrousser les manches. Disons-le tout de suite: l'unanimisme n'a jamais été une bonne méthode de gouvernement, avec la pensée unique et la répression du pluralisme des idées qui sont ses corollaires, mais la synergie à laquelle appelle le chef de l'Etat peut être une bonne base de départ. Il y eut un premier départ : le référendum qui a vu le plébiscite, par le peuple, de la charte de la paix et de la sécurité, ainsi que l'annonce, quelque temps auparavant, par le président de la République du plan de consolidation de la croissance de 60 milliards de dollars. L'hospitalisation du chef de l'Etat a laissé pendante la concrétisation de cette synergie. Le voilà donc qui revient sur la réconciliation nationale, et donc sur la stabilité du pays, en affirmant avoir recouvré ses pleines capacités pour poursuivre la mise en oeuvre du programme que le peuple l'a chargé d'initier en toute confiance, et qui vise en premier lieu, à consacrer la sécurité du citoyen et le bien-être de notre peuple. Cette absence forcée avait placé le pays au milieu du gué. D'où cet espoir de pouvoir cueillir, durant l'année 2006 les fruits des bonnes actions que nous avons menées dans les domaines politique, culturel, éducatif, social et économique, pour reprendre les termes mêmes du chef de l'Etat.