un bain de sang L'Union africaine a décidé de suspendre ce pays de ses instances avec effet immédiat, jusqu'à la création d'une autorité civile de transition. Où va le Soudan? La question se pose désormais depuis l'assaut donné par les soldats soudanais contre le sit-in installé depuis début avril devant le quartier général de l'armée. Il s'est terminé par un bain de sang. 108 morts et plus de 500 blessés ont été recensés en trois jours depuis cette attaque menée par des militaires soudanais. Des forces armées considérées comme issues des anciennes milices des Janjawid responsables d'atrocités durant le conflit au Darfour dans l'ouest soudanais, accusées par les chefs de la contestation d'être les principaux auteurs du «massacre» commis lundi dernier à Khartoum contre le sit-in installé devant le QG de l'armée. Première conséquence de taille: Le Soudan a été suspendu de l'Union africaine. L'Union africaine a «suspendu avec effet immédiat la participation de la République du Soudan à toutes les activités de l'UA jusqu'à l'établissement effectif d'une autorité civile de transition, ceci étant le seul moyen de permettre au Soudan de sortir de la crise actuelle», a annoncé le Conseil de paix et de sécurité de l'UA sur son compte Twitter. «Le Conseil imposera automatiquement des mesures punitives sur les individus et les entités qui ont empêché l'établissement d'une autorité civile», a précisé en conférence de presse son président en exercice le Sierra-Léonais Patrick Kapuwa. Depuis le début de la crise, l'UA qui avait à plusieurs reprises menacé de suspendre le Soudan de l'organisation. plaide pour un transfert rapide du pouvoir des militaires aux civils. Le 15 avril, après le renversement quatre jours plus tôt du président soudanais Omar el-Béchir par les militaires sous la pression d'un mouvement de contestation déclenché le 19 décembre, l'UA avait donné 15 jours pour que le pouvoir soit transféré aux civils. Début mai, elle avait réitéré cet ultimatum en donnant un nouveau délai de 60 jours aux militaires pour remettre le pouvoir aux civils. Le comité militaire de transition qui a pris la décision de «cesser les négociations avec l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC)» qui chapeaute le mouvement de protestation a de son côté appelé à «des élections générales dans un délai de neuf mois maximum», avait souligné un communiqué de son chef, le général Abdel Fattah al-Burhane. Les élections se tiendront sous une supervision régionale et internationale, a ajouté le nouvel homme fort du pays qui s'est engagé à garantir les libertés publiques. «Nous ouvrons nos bras aux négociations sans restriction, sinon celle de l'intérêt national, pour fonder un pouvoir légitime qui reflète les aspirations de la révolution des Soudanais», a déclaré le chef du Conseil militaire de transition dans un message lu à la télévision nationale. Les leaders de la contestation ont repoussé l'offre de dialogue des militaires au pouvoir depuis l'assaut donné contre le sit-in installé devant le QG de l'armée qui a plongé le pays dans l'instabilité. Une répression qui a fait 108 morts et plus de 500 blessés. «Le peuple soudanais n'est ouvert ni aux négociations ni à ce Conseil militaire qui tue des gens», a indiqué Amjad Farid, porte-parole de l'Association des professionnels soudanais, l'une des formations clés de la contestation. Les négociations entre les deux camps ont été suspendues le 20 mai, chaque partie restant campée sur ses positions. Les capitales étrangères continuent à manifester leurs inquiétudes après les violences subies par les manifestants. Après Washington, Londres et Oslo, Paris a déploré les «très nombreuses victimes»de la répression du mouvement de contestation. La France appelle à la «reprise du dialogue entre le Comité militaire de transition et l'opposition afin qu'un accord inclusif soit rapidement trouvé sur les institutions de la transition et qu'un gouvernement civil soit mis en place», a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Agnès von der Mühll.Un appel qui ne semble pas avoir reçu d'écho...