L'année 2007 qui devait être ponctuée par un Conseil des ministres, déterminant, disait-on, dans le débat, engagé sur la scène politique autour de ce qui a été qualifié volontiers d'inertie gouvernementale, s'est finalement achevée sur un gros point d'interrogation : quelles sont les intentions du président Bouteflika ? La question n'aurait peut-être prêtée à aucune attention particulière en d'autres circonstances, d'autant moins que les analystes et commentateurs politiques se hasardent rarement à faire dans la projection quand il s'agit de décrypter les intentions du premier magistrat du pays tellement ce dernier demeure toujours imprévisible dans la prise de décision. C'est donc, dans cette veine qu'on devrait normalement inscrire l'annulation du Conseil des ministres que devait présider le 31 décembre Abdelaziz Bouteflika sans trop se formaliser sur les motifs d'un tel report. Sauf peut-être à spéculer sur le silence du président de la République qui a pourtant habitué les Algériens à prendre la parole en public à l'occasion de la cérémonie officielle de signature de la loi de finances. Un silence assurément alourdi par un autre rendez-vous raté. Un rendez-vous, censé remettre de l'ordre dans la gestion des affaires de l'Etat et surtout attendu pour remettre certaines pendules à l'heure. Du moins le penserait-on, en ayant à l'esprit que le dernier Conseil des ministres remonte quand même au 16 septembre dernier. Autant dire trois mois, qui risquent de peser lourd sur une situation sociale qui donne des signes de nervosité et qui appelle un signal fort de Abdelaziz Bouteflika. Dans ce contexte, la rumeur qui donnait le gouvernement Belkhadem partant à l'issue du Conseil des ministres du 31 décembre, même si elle relève de la pure spéculation, procède quand même d'une logique qui tire son fondement d'un moment de vérité qui se décline déjà sur le ton de la détresse socioéconomique de citoyens qui vivent en décalage du triomphalisme des ministres et de leurs statistiques séduisantes qui font sur le papier un paradis de l'Algérie. Le gouvernement Belkhadem invoque le développement économique soutenu, d'une croissance exceptionnelle comme s'il parle d'un pays que les Algériens ne connaissent pas, d'une réalité que vient démentir un quotidien du citoyen de plus en plus pénible. Et ce n'est sûrement pas faute de volonté politique, encore moins d'absence de moyens financiers que le gouvernement arrive difficilement à atténuer les effets d'une crise multiforme vécue par le citoyen comme une véritable malédiction qui continue à poursuivre le pays. La multiplication des actions gouvernementales pour la sauvegarde des intérêts des consommateurs, si elle coûte cher au Trésor public, ne profite nullement à l'Algérien moyen dont le pouvoir d'achat, malgré une hausse des salaires annoncée triomphalement se réduit paradoxalement comme peau de chagrin. Le gouvernement a décidé de maintenir la subvention des prix de certains produits de large consommation face à la flambée des cours des matières premières à l'échelle internationale. Mais est-ce pour autant qu'il faut le créditer d'une bonne gestion de la crise quand la manne pétrolière est là pour donner l'illusion de mouvement à une véritable panne gouvernementale. Et c'est là que le président de la République est attendu pour apporter les correctifs nécessaires à un Exécutif qui a besoin d'être redynamisé. L'échéance de 2009 n'est plus très loin et ce n'est sûrement pas cette manière de gérer les affaires de l'Etat qui n'est sûrement pas la meilleure pour mener à terme les grands chantiers lancés par Abdelaziz Bouteflika. Il est vrai que sur le plan macroéconomique (balance commerciale excédentaire, déficit budgétaire maîtrisé, taux d'intérêt attractifs à l'investissement) l'Algérie a engrangé de précieux points mais que peuvent signifier ces résultats à la faveur d'une énorme embellie financière qui se traduit par 90 milliards de dollars qui se révèle par ailleurs inopérante pour soulager le simple citoyen. Allez donc dire à ce smicard qui se bat contre la pomme de terre, l'huile et le lait, qui vit sur une terrasse ou une cave, et qui a trois enfants à l'âge adulte en chômage que les grands équilibres ont été atteints, que l'Etat est en train de construire un million de logements et qu'il va créer deux millions d'emplois... Que les résultats des réformes engagés ont été salués par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. C'est tout dire. Zahir Benmostepha