A peine les résultats connus que l'inquiétude commençait à gagner les esprits. Un mois et demi après le verdict du scrutin des locales, des dizaines de municipalités de Kabylie n'arrivent toujours pas à fonctionner normalement. Ce constat des plus amers est relevé au quotidien par le citoyen sans pouvoir autant faire quelque chose. Désemparé, il ne comprend pas la situation dans laquelle il est plongé depuis le 24 novembre dernier. Théoriquement toutes les communes sont pourvues de pouvoir légitime mais en réalité ce dernier n'arrive pas à se confirmer par la faute de blocages dont la teneur et l'origine n'ont rien de politique. Du coup, l'espoir d'un retour à la normale s'effiloche chaque jour, pour donner lieu à un désespoir grandissant. «Aucune leçon n'a été tirée de la dernière crise» commente un citoyen sur un air désabusé, allusion faite au tiraillement entre les élus dont font part au quotidien les nouvelles parvenant des assemblées. Décidément, la Kabylie n'est pas près de voir le bout du tunnel puisque voter ou boycotter, le résultat est apparemment le même. Un constat qu'on ne peut occulter du fait d'une récurrence à couper le souffle au commun des mortels. Lors du dernier scrutin controversé du 10 octobre 2002, la grande majorité des électeurs de Kabylie ont bien tourné le dos aux urnes pour répondre au mot d'ordre de boycott lancé par les archs, même si pour certains c'était par contrainte. A l'époque on savait pour la plupart où on allait et que les conséquences d'une telle démarche étaient plus ou moins connues et assumées. Les mairies étaient dépourvues d'assemblées communales. Les populations concernées ont pris leur mal en patience croyant à des jours meilleurs. La vacance institutionnelle commençait alors à produire des méfaits. Retard par-ci, blocage par là, le tout dans une ambiance de stagnation. L'idée d'organiser les partielles du 24 novembre ne pouvait qu'être bien accueillie pour une sortie de crise d'autant plus qu'elle pouvait mettre fin aux répercussions négatives de cette vacance sur le quotidien des populations locales. Du coup, la région allait enregistrer un taux de participation sur fond d'espoir quant au retour rapide au développement. A peine les résultats connus que l'inquiétude commençait à gagner les esprits. On s'est vite rendu à l'évidence pour constater la douloureuse réalité qui mine à présent de nombreuses collectivités. La déception est à peine voilée chez l'homme de la rue qui se terre dans un silence qui en dit long sur les craintes de lendemains incertains. Les discours et les promesses électorales, fort prometteurs, ont laissé place aux interminables tractations et autres jeux d'alliances dénués de tout sens politique. De fait et tout comme lorsque les archs versaient dans la polémique et les luttes intestines, la déception s'est mêlée à l'indifférence. Aujourd'hui, on en arrive au désintéressement total à la chose politique. C'est à croire qu'encore une fois, les partis échouent en reproduisant exactement le même schéma qui prévalait avant la crise du Printemps noir d'avril 2001. Une réaction tout à fait normale si l'on considère le nombre de municipalités qui continuent, à présent, à patauger. Jusqu'à quand cette situation durera-t-elle? Y aura-t-il des mesures permettant le dénouement de toutes ces crises qui ne disent pas leur nom? S'achemine-t-on vers l'application de la loi dans toute sa rigueur? Et puis enfin, la Kabylie verra-t-elle un jour le bout du tunnel? Autant de questions qui taraudent les esprits en ce début d'année 2006. Il est urgent que les tractations avec les différents blocs politiques des nouvelles assemblées aboutissent pour redonner espoir aux citoyens qui n'aspirent qu'à la paix et à la prospérité.