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Les élus «attendus» sur le terrain
BEJAIA
Publié dans L'Expression le 31 - 05 - 2007

Le discours creux développé lors de la campagne électorale n'a pas donné ses fruits.
Bien que la population de Béjaïa n'ait pas montré trop d'intérêt au dernier scrutin des législatives, il n'en demeure pas moins que les attentes socio-économiques sont toujours là. Les heureux élus, amoindris par le faible taux de participation, sont attendus sur le terrain.
Ces derniers savent le jugement réservé à leurs prédécesseurs. Ils savent également que le discours creux développé lors de la campagne électorale n'a pas donné ses fruits. Le taux de participation, qui ne dépasse que très peu celui enregistré au plus fort de la crise de Kabylie, est là pour témoigner du fossé qui ne cesse de se creuser entre le citoyen et ceux qui le représentent.
Le citoyen n'est pas dupe. Il sait à quoi s'en tenir s'agissant de son avenir. C'est pourquoi durant toute la campagne officielle pour les législatives du 17 mai, le simple citoyen n'a pas cessé d'interpeller les candidats sur ce qu'ils comptent apporter pour améliorer son quotidien. C'était le cas des hommes et femmes qui se sont donné la peine de suivre une campagne morne et insipide, à l'image de ceux qui l'avait animée.
Un peu plus de 17% de participation, peu d'engouement pour les sorties publiques des candidats, autant d'éléments qui ne peuvent être vus que comme des signes d'une société qui ne croit plus en rien. Les nouveaux locataires de l'Assemblée populaire nationale se doivent d'agir en portant leur intérêt vers les préoccupations réelles du simple citoyen.
Beaucoup l'avaient compris lors de la campagne en abordant assez souvent la précarité de la région en émettant des propositions qu'il convient, à présent, de concrétiser. Le chômage, le développement local, le pouvoir d'achat...autant de points sensibles et importants pour l'homme de la rue A Béjaïa, comme partout en Kabylie, les besoins sont énormes, si énormes qu'il faudra une volonté et des hommes capables de relever le défi. A peine sortie d'une crise fort pénalisante, Béjaïa est présentement en attente.
Le retour au calme étant une réalité, même si le terrorisme tente de perturber la donne, la situation est propice pour relancer la machine économique. Une relance qui ne peut avoir lieu sans un bon choix des hommes aux commandes des municipalités. Ce qui ne saurait tarder car les locales sont déjà là. Elles se tiendront le mois de septembre, paraît-il.
En attendant, les députés sont attendus sur une visibilité au sujet du développement économique et de la politique de résorption du chômage. C'est par là que commence le travail. En plus des projets d'infrastructures structurants, à l'image du port, l'aéroport et les axes routiers dont la bretelle reliant la wilaya de Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest, l'investissement productif doit être encouragé.
A vocation agricole et touristique, Béjaïa reste un immense terrain fertile en la matière. A commencer par le barrage de Tichy-Haff qui date de plus de 25 ans. Il est temps que ce réservoir entre en action pour alimenter les 24 communes en eau potable et pour l'irrigation des milliers d'hectares cultivables de la vallée de la Soummam.
Plus que cela, ce projet permettra à l'oued Soummam de reprendre vie. Des nappes souterraines ne seront plus aspirées, la rivière retrouvera son lit. On dit même qu'elle peut devenir irrigable. Mais on n'en est pas encore là pourvu qu'elle se débarrasse de ses décharges sauvages qui la défigurent.
Avec le retour de la stabilité politique dans la région, l'investissement peut revenir. Les opérateurs connaissent les avantages qu'offre cette région avec son port et son aéroport. C'est pourquoi ces deux infrastructures doivent bénéficier de plus d'attention de nos députés. Une pression constante sur les responsables locaux, assortie d'un appui politique, peut désamorcer le ralentissement qui frappe ces deux portes ouvertes sur l'extérieur.
La saison estivale est ouverte. Le port est en travaux sur ses quais 6 et 7. L'aéroport n'est pas encore rouvert. Un constat amer qui devrait inspirer les nouveaux députés, ne serait-ce que pour redorer un blason terni par une élection à faible taux.
L'urgence est là et personne ne peut nier cette évidence. Des dizaines de zones d'activités sont à l'arrêt, en raison de problèmes liés à la gestion du foncier, de rapports entre personnes...Bref, c'est là un autre élément intéressant car créateur d'emploi, mais aussi de richesse pour une région aux potentialités naturelles et humaines énormes.
Le tourisme, autre secteur qui offre bien des opportunités d'investissement, doit bénéficier d'une politique à la mesure de la vocation de la région. Livré à une anarchie totale, le secteur ne rapporte presque plus rien pour la wilaya. Les touristes nationaux ou étrangers se font rares car l'accueil et les conditions de vie ne sont pas à la hauteur de ceux qui viennent en quête de villégiature.
A l'exception de l'hôtel des Hammadites et, l'hôtel des Cimes actuellement fermé, aucun investissement public n'a été enregistré ces dernières années, même les grandes chaînes hôtelières internationales n'ont pas misé sur Béjaïa. Une wilaya livrée aux privés avides de gain facile et par n'importe quel moyen, y compris celui portant atteinte aux valeurs sociales locales.
L'appui politique doit venir des députés et c'est une urgence pour redynamiser ce secteur qui peut favoriser l'activité des ser-vices. Les séminaires, les colloques...sont d'autres activités pouvant induire un développement certain. Avec une université qui n'a rien à envier à celles des autres régions du pays, Béjaïa peut redevenir un centre de rayonnement du savoir comme elle le fut du temps d'Ibn Khaldoun.
Béjaïa possède autant d'atouts. Il suffit juste d'une volonté politique qui ne peut venir que de ses propres enfants, entendre par là ses députés. Ils sont désormais onze à siéger à l'APN, à défendre leur région. C'est le voeu de tous leurs concitoyens. Y seront-ils sensibles? Ils se sont engagés pour être élus. Ils doivent respecter leurs promesses de réhabiliter la politique qui fait bouger les sociétés. La politique n'est qu'un verbe mais un verbe qui génère une dynamique dont a besoin la société.


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