Le marché des moutons proche des abattoirs d'Oran a connu hier une très grande affluence. A quelques jours de l'Aïd El Kebir, la capitale de l'Ouest algérien retrouve à peu près les mêmes décors de scène marquant chaque année les préparatifs du sacrifice rituel du mouton. Les terrains vagues situés autour des grands ronds-points périphériques, à Bir-el-Djir, Es-Sénia, Misserghine et Aïn El Beïda, ont été depuis déjà trois jours transformés en vaste marchés aux moutons. Venus de plusieurs wilayas du pays notamment de Saïda, Mascara et Tiaret, maquignons et éleveurs se bousculent pour « caser » leurs camions et occuper une parcelle stratégique où l'herbivore préféré sera exposé et mis en vente. Le marché des moutons proches des abattoirs d'Oran, a connu hier une très grande affluence. Entre ceux qui déambulaient à travers les grappes et rangées de moutons, manière de prospecter les niveaux de prix et de qualité, ceux qui se lançaient dans les premiers marchandages avec les «moualas», ceux qui traînaient l'objet de leur sacrifice vers un transporteur en attente, et ceux qui proposaient de menus services allant du casse-croûte à la botte de foin, le marché foisonnait de ces scènes récurrentes propres à l'Aïd El-Kebir annoncé. Une «canne» se voulant discrète mais bien serrée dans la main, un turban jaune-orange légèrement incliné sur le côté, une djellaba négligemment jetée par-dessus leur épaule, les «marchands» de moutons observent, l'oeil vigilant, les allées et venues du public. Flairant même parfois le «novice» du «connaisseur», ils tentent une approche très souvent fructueuse. «A combien cette baraka?...» Et c'est le début d'une discrète tractation pouvant être menée simultanément avec trois ou quatre clients potentiels. D'oreille en oreille, les prix circulent «s'affichent». Selon l'origine de l'animal marqué au dos par une tache de henné ou de peinture, selon son âge, son état général et surtout son poids, le mouton est proposé ici à des prix moyens allant de 15.000 DA à 25.000 DA. Tandis que des agnelles et agneaux frêles sont proposés au seuil minimum de 10.000 DA, on peut admirer ici où là les quelques beaux spécimens de béliers, gros, grands et aux cornes en spirale... et qui pulvérisent aussi le record des prix : pas moins de 30.000 DA sont demandés par un éleveur de Sougheur pour sa marchandise. Voulant justifier leurs prix de vente faramineux, les maquignons, professionnels ou spéculateurs occasionnels, évoquent les coûts du fourrage, de l'orge, du transport et autres charges qui ne cessent, selon eux, d'augmenter. Les citoyens de leur côté, comme chaque année, ne peuvent qu'exprimer leur pessimisme et leur désarroi face à des pratiques spéculatives. Il est vrai que de plus en plus de vendeurs de moutons qui n'ont rien à voir avec la profession, achètent chaque année à des prix bas des bêtes qui sont engraissées dans des hangars et fermes avoisinantes pour être revendus à l'occasion de l'Aïd El-Kebir. La fête du sacrifice mérite cette année on ne peut mieux son nom!