L'état de santé du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, qui s'était dégradé la semaine dernière, s'est « amélioré, mais reste préoccupant », ont rapporté, hier, la majorité des titres de la presse israélienne. Selon les spécialistes, qui parlent d'un état « grave, mais stable », les dommages subis par le cerveau du Premier ministre peuvent s'avérer « irréversibles ». Un tel diagnostic, souligne-t-on, rend très peu probable un retour aux affaires d'Ariel Sharon. D'où, d'ailleurs, la lutte pour le pouvoir engagée en sourdine entre les différents partis israéliens. Malgré la situation critique dans laquelle se trouve Ariel Sharon et les enjeux induits par l'agenda politique interne, le gouvernement israélien joue à fond la carte de la transparence en informant l'opinion publique israélienne de l'évolution de l'état de santé de leur Premier ministre. Même le dossier médical d'Ariel Sharon a été rendu public. Depuis mercredi dernier, les Israéliens vivent ainsi au rythme des points de presse animés par Shlomo Mor-Yossef, le directeur général de l'hôpital Hadassah d'El Qods occupé, où est traité Ariel Sharon. Le docteur Mor-Yossef a fait le choix de la transparence pour, dit-on, « éviter la diffusion de rumeurs ». Celui-ci lit régulièrement devant les caméras de télévisions du monde entier les bulletins de santé d'Ariel Sharon. En ce sens, la gestion de la maladie d'Ariel Sharon, une première en Israël, rompt de manière radicale avec l'opacité ayant entouré jusque-là les convalescences de chefs d'Etat. Pour des considérations politiques, l'on se rappelle que le cancer de Golda Meïr et l'effondrement de Menahem Begin, dans les années 70 et 80, avaient été couverts par le « secret médical ». Dans le cas d'Ariel Sharon, les Israéliens sont informés en temps réel de l'évolution de l'état de santé de l'ancien patron du Likoud. Le fait d'avoir tout dit sur la maladie d'Ariel Sharon a, d'ailleurs, amené les médias israéliens à critiquer très durement le fait que l'on ait autorisé Ariel Sharon à se rendre dans son ranch, situé à plus d'une heure de route de l'hôpital Hadassah. Ce détail, qualifié par la presse israélienne de « coupable négligence », aurait ainsi empêché Ariel Sharon de recevoir le traitement médical adéquat au moment de son attaque. Mais la plupart des commentateurs estiment que « l'autorisation donnée par ses médecins à Ariel Sharon de reprendre ses fonctions comme si de rien n'était après la première alerte, le mois dernier, a obéi à des considérations tactiques ». Il s'agissait de montrer qu'à l'approche des élections du 28 mars 2006, rien ne pourrait empêcher Ariel Sharon de vaincre la maladie et de mener à la victoire son nouveau parti, Kadima. Pour de nombreux Israéliens, le Premier ministre a payé très cher cette précipitation. Sharon a été, rappelle-t-on, hospitalisé mercredi soir à l'hôpital Hadassah Ein Kerem d'El-Qods, à la suite d'une grave attaque cérébrale.