Le Snte gèle la grève, l'Unpef temporise, tandis que les portes du dialogue sont ouvertes pour les syndicats autonomes. A la suite d'une rencontre, tant attendue, mais qui n'a pas duré longtemps, le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte), sanctionnant un rendez-vous avec Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, a décidé de se démarquer de la grève décidée par la Confédération de l'éducation pour le 15 et 16 du mois en cours. Le syndicat de Abdelkrim Boudjennah voulait, en quelque sorte, se conformer à la loi, précisément à l'article 90-02 qui stipule que toute décision de grève doit être suspendue si la tutelle se déclare prête à négocier avec la partie protestataire. C'est en ces mots précis que le secrétaire général du Snte a justifié la suspension de la grève, un recours sur lequel se sont penchées six organisations syndicales à savoir le Cnapest, le CLA, le Sete de Béjaïa et le Satef et l'Unpef. Les deux parties en conflit qui se regardaient auparavant en chiens de faïence, se sont retrouvées donc hier autour d'une table de conciliabules avec un seul objectif inscrit à l'ordre du jour, «tenter d'une manière ou d'une autre de désamorcer la grève». L'Education nationale ne voulait pas, après l'aventure de 2002/2003 ayant failli coûter aux élèves une année de scolarité, à la suite d'une grève illimitée du Cnapest, laisser traîner les choses qui risquent éventuellement de prendre une mauvaise tournure. Avec le Syndicat national des travailleurs de l'éducation, qui chantait la primauté du travailleur sur le syndicaliste, le dialogue a abouti à la nécessité de constituer des commissions pour étudier et prendre en charge les dix revendications du Snte, a déclaré à L'Expression son SG Abdelkrim Boudjennah. Lors de la rencontre d'hier, tenue dans les locaux de l'Education nationale, le ministre a fait comprendre aux syndicalistes sa compréhension quant aux requêtes énoncées. Néanmoins, il a fait savoir sur sa lancée que la satisfaction de certaines revendications, celles s'inscrivant dans le cadre de la refonte de la Fonction publique, ne relèvent pas des compétences de son département. Il n'a pas manqué l'occasion quand même de rappeler que les travailleurs de l'Education sont les seuls à avoir bénéficié de 50% d'augmentation en cinq ans seulement. Devant les journalistes et les représentants du Snte, le ministre a joué la carte de la transparence, chose qui a pesé sur le déroulement de la séance de réconciliation. Dans une déclaration à L'Expression, Abdelkrim Boudjennah préféra laisser les commissions travailler et «au bout d'un certain laps de temps, si les choses traînent encore, le recours à la pression n'est pas à écarter». C'est-à-dire, pour l'heure actuelle le choix de la grève est écarté, mais avec une possibilité de reprendre le mot d'ordre si les commissions n'aboutissent à aucun résultat. La tutelle et le Snte se sont donné rendez-vous le samedi 14 pour reprendre le travail, tandis qu'avec l'Union nationale des professeurs de l'éducation et la formation (Unpef), les négociations reprennent aujourd'hui. L'Unpef qui, au début, ne voulait pas jouer la sainte nitouche, temporise sa décision et préfère attendre la suite des négociations. Difficile de juger l'attitude des représentants de l'Unpef qui suggère au ministère d'enclencher un dialogue avec les autres partenaires sociaux. Selon toute vraisemblance, l'Unpef s'agrippe inlassablement à l'esprit du groupe, car c'est à son niveau, faut-il le rappeler, qu'a été décidé le choix du débrayage. Dans la journée d'hier, alors que Boubekeur Benbouzid était en regroupement inédit avec deux syndicats agréés, les autres organisations ne se sont pas opposés au fait que le Snte et l'Unpef se rendent au cabinet du ministre. C'est une manière de revendiquer l'autonomie de chaque organisation. Ce qui est regrettable aux yeux des autres organisations syndicales, en l'occurrence le Cnapest, le CLA, le Sete de Béjaïa et le Satef, c'est le fait que l'éducation décide de reconstruire les ponts avec uniquement deux partenaires sociaux. Quoique, en référence au communiqué de l'éducation, rendu public le 3 du mois en cours, les portes du dialogue sont «largement ouvertes aux représentants d'enseignants, à leur demande». Ce qui veut dire que la balle est dans le camp de ces syndicats qui, depuis quelque temps, ont repris du poil de la bête et accusaient l'éducation d'avoir fermé les portes. Peut-on s'attendre à un autre round ministère/syndicats autonomes? Possible. Mais seul l'avenir des élèves est en jeu.