La secrétaire générale du PT n'est pas étonnée par les déclarations de Madani Mezrag. Louisa Hanoune est de ces leaders politiques qui ne s'étonnent de rien. Pas même des déclarations d'un ex-émir ayant pour nom Madani Mezrag qui a avoué en toute tranquillité avoir tué de ses propres mains. «Pourquoi est-on surpris?», s'est-elle interrogée, hier, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. «Cet homme était armé. Il a tué. Il ne faut donc pas s'en étonner», a déclaré la secrétaire générale du PT (Parti des travailleurs). Pour Mme Louisa Hanoune, ce qu'il y a lieu de faire aujourd'hui, c'est de s'asseoir autour d'une table et de débattre de la tragédie qu'a vécue l'Algérie. «Malgré que notre pays soit encore en guerre, il faut tout de même ouvrir le débat», a-t-elle suggéré. Le parti de Mme Hanoune, faut-il le rappeler, avait soutenu le Référendum pour la paix et la réconciliation nationale, initié par le président de la République. Justement, à propos de la charte pour la paix et la réconciliation, la secrétaire générale du PT a indiqué qu'à sa connaissance, «à ce jour 22 textes de loi sont prêts». Elle a tenu à souligner, néanmoins, que l'application de la charte tarde encore à être concrétisée sur le terrain. « Je ne sais pas pourquoi nous sommes en retard. A cela il faut quand même qu'on nous donne des explications.» En outre, en dépit du soutien qu'elle a apporté aux moult projets initiés par le président de la République, il n'en demeure pas moins que Mme Hanoune se classe parmi les opposants au plan du soutien à la relance économique. Lequel plan a été doté d'une enveloppe budgétaire estimée à 55 milliards de dollars, avant que ce montant ne soit porté à 60 milliards de dollars. «Pour qu'il y ait application d'un plan aussi gigantesque, il faut que l'Etat dispose d'une enveloppe conséquente, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie», a-t-elle estimé avant d'ajouter en s'interrogeant: «Notre pays ne dispose pas de cette enveloppe. Où veut-on alors conduire l'Algérie? Avec quoi allons-nous financer tous ces projets entamés eu grande pompe par le gouvernement?» Ces questionnements et appréhensions, la secrétaire générale du Parti des travailleurs les a formulés en tenant compte qu'on continue d'élaborer la loi de finances sur la base de 19 dollars le baril de pétrole, alors que les prix de l'or noir sur le marché international ne cessent de grimper. «Le pays va à la dérive. Il faut trouver les moyens de financer ce plan. L'argent risque de se tarir. Nous voudrions bien croire en ce plan, mais...», a indiqué Louisa Hanoune. Cette dernière n'a pas manqué l'occasion, comme à chacune de ses sorties médiatiques, de fustiger le gouvernement qui, à l'en croire, conduit l'Algérie au chaos. «Nous avons adopté la même démarche que celle de la Bolivie. Comment? Avec les 1200 entreprises qui seront bradées.» La secrétaire générale ne s'attaque pas uniquement à la politique de privatisation menée par le gouvernement, mais aussi à l'accord d'association passé entre l'Algérie et l'Union européenne. «L'accord d'association avec l'UE est mortel», a-t-elle indiqué avant d'ajouter: «Pour l'application de cet accord, l'Algérie a perdu 30 milliards. Pourquoi ce zèle?» Et l'alternative? Comme à son habitude, Mme Hanoune s'est retrouvée entre deux chaises: «Il faut revoir les choix économiques». Quel choix faudra-t-il adopter? La réponse est renvoyée aux calendes grecques.