«Chacun est responsable de ses déclarations», indique Abdelaziz Belkhadem. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a indiqué lors de son dernier point de presse que «chacun est responsable de ses déclarations». Il s'agit d'une réponse, formulée hâtivement, à une question relative à la polémique qu'a provoquée Madani Mezrag dans un entretien publié récemment par Jeune Afrique/L'intelligent. Mieux, il ajoute que rien n'interdit aux familles victimes du terrorisme de recourir à la justice. Il faudra, bien évidemment, qu'elles justifient leurs requêtes. Pourtant, il y a à peine deux mois, Mezrag a été reçu par Belkhadem au siège du parti. L'ancien émir de l'AIS a trouvé, à sa sortie, des journalistes à qui il a affirmé que les visions des deux parties convergeaient sur beaucoup de détails liés à la paix, ainsi que sur les questions de l'heure. Rappelons aussi que lors des élections législatives et locales de 2002, Mezrag avait apporté son soutien aux candidats du FLN. Depuis, il avait milité pour un rapprochement tangible avec le courant nationaliste. Il avait par la suite annoncé des démarches importantes dans ce sens, en coordination avec la famille révolutionnaire et les partis porteurs des idéaux du message du Premier Novembre 1954. Mais sa sortie récente est tombée comme un cheveu dans la soupe. Madani Mezrag réfute le contenu de l'article, objet de polémique. Il considère que ses propos ont été modifiés par le journaliste qui l'a rencontré à Jijel et annonce son intention de tenir une conférence de presse à Alger pour apporter un démenti formel à l'article publié le 25 décembre dernier dans les colonnes de Jeune Afrique. Mais les parties hostiles au courant islamiste n'ont pas attendu son démenti pour recourir à la justice. L'association Somoud, proche des thèses d'Ettahadi, a annoncé son intention de saisir la justice. Leila Aslaoui a déversé son encre sur les colonnes d'un journal pendant que le Ccdr a apporté son soutien à Somoud. Et le cirque ne fait que commencer. Tous les éléments d'un cocktail explosif sont dans l'article en question. «Nous voulions islamiser la société de l'intérieur. Nous attendions tranquillement le bon moment pour cueillir les fruits»; «Oui, j'ai tué de mes propres mains»; «C'était en 1993, dans la région de Jijel, au cours d'une embuscade dressée contre un convoi militaire. Le jeune militaire agonisait encore lorsque j'ai arraché le Kalachnikov de ses mains. J'ai gardé cette arme pendant plusieurs années, mais je l'ai toujours détestée. Pourquoi? Parce qu'elle m'a toujours rappelé les râles de ce militaire au moment où il rendait l'âme»; «L'argent est quelque part. Mais surtout pas dans les banques»; «Ceux qui veulent me poursuivre en justice sont libres de le faire. Je n'ai peur de rien. Je n'ai peur de personne»... Et enfin la phrase aux nombreuses insinuations qui résume à elle seule l'âme de l'article: «Lorsque Madani Mezrag parle - il s'exprime dans un français presque parfait - on a du mal à voir en lui un tueur. » Cela sent la provocation. Mezrag dit avoir aidé un journaliste algérien en mal de scoops et qui cherche à se faire une place au soleil. Il a été d'une générosité extrême. Il a parlé sans retenue et sans détours comme s'il rencontrait un vieil ami. Un piège lui a été posé. Et le piège s'est refermé sur lui. Les associations hostiles au mouvement islamiste et leur clientèle vont lui arracher la peau. Il le savait. Il sait aussi que le projet de réconciliation battait de l'aile et que les réticences étaient visibles à l'oeil nu et que les parties hostiles à la paix attendaient leur revanche. Alors pourquoi leur offrir pareil cadeau ? A moins qu'il ait des motivations qui puissent justifier sa sortie fracassante.