Pour M.Mokri, «l'Alliance a atteint ses limites historiques», arguant du fait qu'elle n'est qu'une «copie» de l'Exécutif. «L'avenir de l'Alliance présidentielle est embrouillé», affirmait, hier dans les colonnes du quotidien arabophone El Bilad, proche du MSP, le vice-président de cette formation Abderrezak Mokri. Pour ce dernier, «l'Alliance a atteint ses limites historiques», arguant du fait qu'elle n'est qu'une «copie» de l'exécutif, constitué des ministres des trois formations. Qu'est- ce qui aurait, donc, motivé une telle déclaration, au moment où l'Alliance s'apprête à célébrer, le 16 février prochain, son deuxième anniversaire? Serait-ce le prélude à un remaniement ministériel qu'on dit imminent? Tout porte à le croire du moment que, à la veille de chaque échéance politique et/ou changement de gouvernement, le parti de M.Soltani nous a toujours habitués à de telles «sorties». Il s'agit pour M.Mokri que l'on dit être le chef de file des «durs» du MSP de forcer la main au chef de l'Etat pour «rafler» le maximum de portefeuilles ministériels; d'autant plus que la nouvelle équipe gouvernementale serait, à en croire des sources concordantes, réduite à sa plus simple expression, à savoir pas plus de 25 membres. Il est permis de considérer que l'ambition du MSP est confortée par l'action positive de son ministre des Travaux publics, au sein du gouvernement, ce qui lui a valu, d'ailleurs, les félicitations du chef de l'Etat. La course aux strapontins est donc ouverte au MSP, à travers un partage des rôles sournois. Une stratégie machiavélique, faite d'entrisme et d'acquiescements, lui permettant à chaque fois de tirer son épingle du jeu et d'obtenir le maximum de parcelles de pouvoir. Le parti qui siège au gouvernement avec pas moins de quatre ministres et un ministre d'Etat qui n'est autre que son président Boudjerra Soltani -ce qui n'a d'ailleurs pas manqué de soulever un tollé général au sein des structures dirigeantes du MSP- compte, une fois de plus faire monter les enchères. Une attitude qui sonne comme un chantage, exprimé d'une façon «dérobée» par un membre influent du parti. Pourtant le MSP «officiel», qui vient de remettre la présidence tournante de l'Alliance au RND, n'a jamais exprimé publiquement un quelconque désaveu du trio présidentiel. Même si parfois il développe des thèses diamétralement opposées à celles de ses partenaires, comme la levée de l'état d'urgence, la gestion du dossier kabyle, le volet social (...) le code de la famille et l'ouverture du champ audiovisuel. Toutefois, la partition à deux tons de la formation de M. Soltani est perçue par le FLN et le RND comme une tempête dans un verre d'eau. Tout en disant ignorer les raisons d'une telle attitude, les deux formations de l'Alliance présidentielle s'en tiennent aux objectifs et calendrier de travail arrêtés par la coordination, actuellement présidée par le parti de M.Ouyahia. D'ailleurs, contacté par nos soins, le porte-parole de ce parti M.Miloud Chorfi invité à s'exprimer sur la déclaration de Mokri nous renvoie pour sa part à l'auteur de ces déclarations. Avant d'enchaîner: «Pour nous, l'Alliance se porte bien et ses dirigeants, qui sont aussi des membres de l'Exécutif se rencontrent régulièrement (...) même si ces rencontres ne sont pas fréquentes.» Par ailleurs, tout en reconnaissant la présence de divergences au sein de l'alliance concernant certaines questions, notre interlocuteur estime que les membres de l'Alliance sont «unis» autour du programme du chef de l'Etat. Abondant dans ce sens, le porte-parole, chargé de la communication au parti du FLN, considère que de tels propos n'entament en rien la dynamique au sein de l'Alliance. «Ils n'engagent que leur auteur», indique M Saïd Bouhadja. «Il ne fait aucun doute que de telles déclarations obéissent à des arrière-pensées politiques que seul leur auteur connaît.» Il est donc bien clair que les déclarations de M.Mokri n'auront, à en croire les porte-parole du FLN et du RND aucun impact sur l'avenir de l'Alliance qui, selon eux, demeure un regroupement stratégique autour du programme du chef de l'Etat.