Six mois après le déclenchement du mouvement du 22 février, la rue est, contre toute attente, toujours irritée. C'est du moins ce que l'on a relevé dans la journée d'hier, le 28e vendredi où les manifestants ont, encore une fois, marqué une autre halte dans l'histoire politique du pays en revendiquant, une fois de plus, leur hargne quant au changement en dépit de tous les appels lancés par le chef de l'Etat dans le cadre du dénouement de la crise. Toute la problématique réside à ce niveau. En occupant hier la rue, les Oranais n'ont pas transigé en réitérant la revendication principale de tous les algériens, à savoir le départ de Bensalah. Une telle revendication est indiscutablement adoptée par la rue qui ne cesse de la brandir tout haut à l'occasion de la moindre action de rue. Puis suit, le départ de Bedoui, chez plus d'un manifestant, ce qui constitue un préalable permettant d'avancer dans le règlement, ne serait-ce qu'un tant soit un peu, de la crise qui a, selon des observateurs, trop duré, étant donné qu'aucun compromis n'a été trouvé jusque-là, aussi bien par les tenants du pouvoir qui ont reconduit les symboles du système, que par les manifestants qui continuent à occuper la rue tout en rejetant les offres de dialogue. Autrement dit, l'heureux épilogue n'est, contre toute attente, pas pour demain, malgré les sorties répétitives de Karim Younès appelant à rejoindre la table du dialogue, d'où la marche d'hier à travers laquelle les marcheurs ont, une fois de plus, rejeté de fond en comble, ce qu'ils qualifient de «manœuvres à desseins inexpliqués» des tenants du pouvoir pour «maintenir en place» les représentants du systéme bouteflikien, alors que celui -ci a, depuis le 22 février dernier, fait l'objet d'une «déposition» opérée par «les populations qui sont soulevées «justement» contre tous les symboles du régime en place. Pour les Oranais, qui ont manifesté, hier, «rien n'a changé depuis, d'où l'occupation de la rue jusqu'à la satisfaction de leur revendication, à savoir, le départ bien évidemment du duo Bensalah-Bedoui avant de lancer le très grand chantier portant sur la mise à plat, impérative, des arcanes de l'ancien système. Il s'agit là d'un préalable qui est également suivi par tant d'autres, permettant le dénouement de la crise dont entre autres la manifestation par le pouvoir de sa volonté de passer au changement réel devant commencer par la libération des détenus d'opinion et la cessation de ce qu'ils appellent «des harcèlements judiciaires contre toute personne exprimant un avis opposé à celui prôné par les tenants du système». «Car il va de soi», a affirmé un manifestant, estimant que «l'on ne peut contraindre la rue à donner ce qui ne lui appartient pas, lâcher du lest». C'est pourquoi plusieurs manifestants ont, durant la journée de mercredi, envahi la permanence locale du comité des sages, traitant de tous les noms d'oiseaux tous ses responsables, les accusant «de cautionner le pouvoir, faisant la sourde oreille aux appels de la population revendiquant, depuis plus de six mois, leur droit au changement». Or, les tenants actuels du régime sont «figés» dans leur «obsession» de reconduire les symboles du système bouteflikien alors qu'ils sont tous «honnis» par les partisans du changement. Mieux, l'on mise gros sur l'élection présidentielle alors que l'on n'a pas jugé utile de se rendre à l'évidence que cette élection sera organisée par le gouvernement du système bouteflikien et jalonnée par les lois mises en place par Bouteflika et ses lieutenants», a-t-on déploré. «Où est donc le changement ?» se sont interrogés plusieurs manifestants. Là est l'essentiel de la marche d'hier durant laquelle les Oranais se sont exprimés sur l'ensemble de l'actualité nationale prévalant le paysage politique de l'Algérie.