Le gouvernement yéménite a qualifié vendredi de «fausses justifications» les déclarations des émirats arabes unis, qu'il accuse d'avoir mené des raids aériens en soutien à des séparatistes qui affrontent l'armée à Aden, dans le sud du Yémen en guerre. Vendredi, les émirats ont confirmé avoir mené cette semaine des raids aériens contre des cibles à Aden, mais ont dit avoir visé des «milices terroristes» et agi en «légitime défense». Les émirats sont l'un des piliers d'une coalition militaire commandée par l'Arabie saoudite soutenant depuis 2015 le président et le gouvernement yéménites face aux Houthis qui se sont emparés de vastes régions du nord du pays, y compris la capitale, Sanaa. Mais depuis début août, un nouveau front s'est ouvert au sein même de cette guerre: des combats ont opposé les forces gouvernementales et les séparatistes voulant l'indépendance du sud du Yémen, qui ont pris le contrôle d'Aden. Le pouvoir a accusé ouvertement les émirats de les aider militairement, notamment avec des raids aériens contre ses troupes. Aden est devenue la «capitale provisoire» du pouvoir après la prise de Sanaa par les Houthis, en 2014. Les séparatistes ont dit jeudi avoir repris Aden aux loyalistes qui la contrôlaient mercredi. Les séparatistes l'avaient conquise une première fois le 10 août. Le gouvernement yéménite, dont le président Abd Rabbo Mansour Hadi vit en exil à Riyadh, a rejeté vendredi «les fausses justifications données par les Emirats arabes unis pour dissimuler leurs attaques flagrantes contre les forces armées nationales».» La tentative des émirats arabes unis d'associer le terrorisme à l'armée nationale est simplement une tentative misérable de dissimuler son ciblage flagrant et illégal de l'armée», a déclaré le gouvernement dans un communiqué.»La lutte contre le terrorisme» a été l'une des causes invoquées par les séparatistes pour prendre le contrôle d'Aden. Ils avaient accusé auparavant le gouvernement de complicité dans deux attentats ayant fait 49 morts le 1er août dans leurs rangs. Abou Dhabi et le président yéménite ont fourni deux versions diamétralement opposées des récents événements. La diplomatie émiratie assure que parmi les forces gouvernementales luttant contre les séparatistes à Aden, se trouvent des «éléments appartenant à des groupes terroristes», qui ont été visés par des raids des Emirats. De son côté, M. Hadi estime que la première conquête d'Aden par les séparatistes le 10 août, est le fait de «milices (séparatistes) rebelles», qui ont «attaqué toutes les institutions de l'état et ses positions militaires à Aden avec le soutien, le financement et la planification des émirats». M. Hadi a ensuite défendu la contre-attaque du pouvoir à Aden mercredi, y voyant une opération destinée à rétablir l'autorité de l'état, puis a déploré l'intervention de l'aviation des émirats. Le président yéménite a appelé Riyadh à «intervenir pour arrêter les ingérences flagrantes des émirats, leur soutien aux milices (séparatistes) et leurs raids aériens contre les forces armées yéménites». Au début des violences entre séparatistes et gouvernement, Riyadh a proposé un dialogue entre les deux camps dans la ville saoudienne de Jeddah. Si le Conseil de transition du sud (STC - séparatiste) s'y est dit favorable, le gouvernement de M. Hadi a exigé, pour y participer un retrait des séparatistes des positions conquises à Aden et ailleurs dans le sud du Yémen. Le ministre d'état émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a défendu vendredi dans un tweet, un tel dialogue. «C'est une porte de sortie de la crise», a-t-il dit.