La maison d'Aït Ahmed s'accroche au train de la protestation conduit par les syndicats de l'éducation et du supérieur. Sanctionnant la réunion ordinaire, jeudi et vendredi, de son conseil national, le Front des forces socialistes (FFS) se met dans la peau d'un allié «infaillible» des organisations syndicales autonomes qui, sans relâche, brandissent le drapeau rouge en guise de protestation. Convaincu du bien-fondé de leur grogne, le parti d'Aït Ahmed se dit solidaire avec les syndicats autonomes, les enseignants du supérieur ainsi que «toutes les catégories sociales révoltées et victimes de la mal-vie et de l'arbitraire», lit-on dans une déclaration envoyée à notre rédaction, signé par Ali Laskri, premier secrétaire national du FFS. Au départ, on s'attendait à ce que l'épicentre de la controverse se situe autour d'une question aussi importante qu'est la préparation du quatrième congrès du parti, prévu pour le premier semestre de l'année en cours. Et voilà que, compte tenu du malaise social articulé par les enseignants de l'éducation et ceux du supérieur, le FFS, fidèle à ses convictions, préfère ne pas se laisser conditionner par une affaire qui pourrait être discutée dans les prochains rendez-vous. La maison d'Aït Ahmed s'accroche donc au train conduit par les cinq syndicats de l'éducation et celui de l'enseignement supérieur, en l'occurrence le Cnes. De ce fait, le FFS considère que «le refus d'agréer les syndicats autonomes et l'atomisation des autres existants mettent à nu la stratégie d'anéantissement et d'éradication de l'expression politique et syndicale autonome». Pour rappel, cinq organisations syndicales, à savoir le Cnapest, le CLA, le Sete de Béjaïa, le Satef et l'Unpef ont défié la tutelle, en dépit de ses mises en garde, et observé le 15 et le 16 janvier une grève générale à travers les établissements scolaires du territoire. Quant aux enseignants du supérieur, ces derniers sont, semble-t-il, prêts à croiser le fer avec le département de Rachid Harraoubia. L'option de la grève, prévue pour le 24 du mois en cours, a été décidée, rappelons-le, à l'issue de la réunion du bureau national du Cnes, tenue le 6 décembre dernier, à Oran. Dès lors, le Front des forces socialistes décide de se mettre dans le bain de la solidarité avec les «travailleurs mécontents et réprimés». Il a appelé l'ensemble des syndicats autonomes «à converger et à s'unir dans la diversité pour la lutte pacifique et la défense des libertés publiques». Ça bouillonne encore chez les enseignants. Depuis la fameuse grève de deux jours qui a paralysé la semaine dernière les écoles algériennes, les ponts sont toujours coupés entre l'instance de Boubekeur Benbouzid et les représentants des enseignants, excepté le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte), affilié à l'Ugta, qui a préféré négocier une trêve. Le FFS, qui se dit scandalisé par l'attitude des pouvoirs publics à l'égard des enseignants a appelé, à l'issue de l'entrevue de son conseil national, «les acteurs politiques et sociaux autonomes à assumer leurs responsabilités devant l'histoire et le peuple algérien». Eprouvée par la décision de débrayer «prématurément» prise par les cinq syndicats et les délégués des enseignants, la grogne syndicale n'en est pas pour autant enterrée. Peu après le débrayage, le Cnapest, le CLA, le Sete de Béjaïa, le Satef et l'Unpef n'ont pas écarté l'éventuel recours à une grève illimitée, une possibilité mise en exergue lors d'un point de presse tenu le deuxième jour de la grève, soit le 16 janvier. Ainsi, la grogne des enseignants commence à susciter des sentiments de solidarité auprès des organisations politiques, à l'instar du FFS et du PT. A ce stade de la polémique, les pouvoirs publics sont appelés à revoir leur copie afin de détendre une atmosphère empreinte de grisaille.