“Contrairement au contenu du mémorandum remis par le chef de l'Etat au G8, la crise politique que vit notre pays s'aggrave de jour en jour, et les signaux d'un enlisement généralisé sont omniprésents.” Dixit le FFS. Le Front des forces socialistes (FFS) ne semble pas vouloir donner de répit au président Bouteflika et au gouvernement qui le sert. Incisif, le FFS l'a été tout au long de sa déclaration qui a sanctionné la réunion vendredi dernier de son secrétariat national. Le parti de Hocine Aït Ahmed, fidèle à sa conception de la crise algérienne, fait un constat accablant de la triple situation politique, économique et sociale de l'Algérie. À propos du scrutin présidentiel du 8 avril, le FFS parle de “coup de force”, voire de la substitution de la “mystification universelle au suffrage universel”. En l'espèce, l'exécutif du FFS pense que la “jonction du discours populiste et des pratiques répressives démontre la volonté des décideurs de pérenniser le système et de mener à terme la mise au pas de la société”. Voilà qui résume le constat que fait ce parti de la situation caractérisée par les “multiples entraves à l'action politique, menace et pression sur les journalistes, arrestations et emprisonnement de défenseurs des droits de l'Homme et répression sauvage sur les mouvements de protestation”. Le FFS se dit convaincu que le pouvoir cherche à réaliser une “conquête totale de la société par la force et la propagande”. Il n'omet pas de signaler que le maintien de l'état d'urgence vise finalement à “liquider” les libertés publiques, voire à “plomber l'avenir par la réédition du coup de force constitutionnel de 1963”. Dans la même veine, le FFS fait observer la volonté du pouvoir de dialoguer avec des “vassaux politiques et sociaux” dans une allusion claire au mouvement des archs et à l'UGTA. Le tableau économique et social n'est pas moins sombre aux yeux du parti d'Aït Ahmed qui accuse les décideurs de “piller les richesses nationales”. “Derrière le discours anesthésiant des officiels qui vantent les “réalisations concordiales”, les réseaux de la prédation politique et économique affiliés aux différents cercles des décideurs, continuent de piller les richesses nationales.” Le FFS décoche aussi un trait en direction des capitales occidentales coupables d'après lui, de complicité avec le régime algérien et dénonce “les visites-éclairs de ministres étrangers qui, par leurs déplacements dans les contextes choisis par le pouvoir, procurent plus de complicité politique que d'avantages économiques à l'Algérie”. Qu'a-t-il lieu de faire ? Le Front des forces socialistes s'accroche plus que jamais à l'exigence d'une “solution politique, démocratique et globale” qui passe, forcément, par “des révisions déchirantes en faveur de la paix”. Pour ce faire, tout en condamnant les atteintes “multiples” aux droits de la personne humaine et apportant son soutien aux journalistes et organisations objets de menace, il appelle à une mobilisation citoyenne afin “d'imposer une solution politique”. De la même manière, il exhorte les institutions internationales à faire pression sur le pouvoir algérien pour une reconnaissance réelle “des droits d'expression, d'organisation et de manifestation”. Au passage, le secrétariat national du FFS condamne la teneur du rapport annuel de la commission Ksentini sur les droits de l'Homme qui a affirmé que “le peuple a eu droit à une expression libre lors du scrutin présidentiel”. Un propos que le parti de Aït Ahmed qualifie simplement de “fallacieux”. Par ailleurs, le FFS demande aux partenaires étrangers de l'Algérie de se solidariser avec les forces démocratiques et “à ne pas soutenir aveuglément une politique menée contre la volonté et au détriment du bien-être de la majorité des Algériennes et Algériens”. H. M.