Plusieurs centaines de personnes se revendiquant des «gilets jaunes» étaient rassemblées à Paris hier matin sous haute surveillance, au début d'une journée qui s'annonce potentiellement à risque, avec également des marches pour le climat et un défilé contre la réforme des retraites. A 8h00, les forces de l'ordre avaient procédé à trente interpellations, selon la préfecture de police. Elles ont tiré du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, qui se dirigeaient ensuite vers l'avenue des Champs-Elysées, où des magasins avaient été saccagés lors de précédentes manifestations.»Nous sommes traités comme des criminels», s'est énervée Brigitte, militante écologiste. Parmi les slogans entendus: «la rue, elle est à nous.» Le préfet de police a mobilisé un dispositif serré avec 7.500 forces de l'ordre, des lanceurs d'eau, et le retour dans les rues de véhicules blindés de la gendarmerie. Des quartiers entiers du centre de la capitale étaient quadrillés de patrouilles, des policiers en uniforme et en civil contrôlant et fouillant massivement les personnes présentes. Les autorités disent craindre un retour des violences, comme au plus fort du mouvement des «gilets jaunes», mobilisés depuis dix mois contre la politique sociale et fiscale du gouvernement. Une source sécuritaire évoquait ainsi des risques de «convergence» entre «gilets jaunes» et militants «Black Blocs qui veulent tout casser». Les appels de groupes «gilets jaunes» à monter sur la capitale se sont multipliés, certains faisant des ouvertures aux écologistes. Qui entendent de leur côté maintenir la pression sur le gouvernement, au lendemain d'une «grève mondiale pour le climat» historique. Certains activistes se prennent à espérer une «convergence», comme Aurélie Trouvé du mouvement altermondialiste Attac, pour qui «les préoccupations de fin du monde et de fin du mois sont articulées».»Cette journée est symbolique pour nous, pour la convergence des luttes entre le climat, les retraites», a expliqué Eric, «gilet jaune» venu de Toulouse (sud-ouest) avec sa compagne, tous deux cadres. Ils ont prévu d'aller à la marche pour le climat. Ce défilé «pour le climat et la justice sociale» partira à la mi-journée du centre de la capitale, à l'appel de nombreuses ONG. Les organisateurs espèrent une forte mobilisation, même si la manifestation de vendredi sur le climat n'a réuni qu'un peu moins de 10.000 personnes dans la capitale, selon un comptage du cabinet Occurrence pour des médias. Des dizaines d'actions sont prévues un peu partout à travers la France pour cette journée de mobilisation. Samedi aura vu également une manifestation à l'appel du syndicat Force ouvrière contre la réforme des retraites et le début des Journées du patrimoine, qui attirent chaque année des dizaines de milliers de visiteurs.