Le musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain de Rabat a abrité, mardi dernier, le vernissage de sa première biennale d'art contemporain, organisée par la Fondation nationale des musées sur volonté royale. Une cérémonie en grande pompe qui a réuni un bon nombre d'invités prestigieux. Cette cérémonie s'est déroulée en présence de plusieurs ministres marocains dont celui de la Justice, ainsi que de la Culture d'Espagne, le conseiller du roi Mohammed VI, de nombreux ambassadeurs, le wali, le célèbre journaliste André Lazoulay et autres personnalités. Parmi elles on citera bien entendu, le directeur de l'Institut du Monde arabe, Jack Lang qui dira tout son soutien de répondre favorablement à chaque fois à l'invitation de Mehdi Kotbi, le directeur de la Fondation nationale des musées. Et de confier : «Nous répondons avec enthousiasme, avec joie et avec la certitude que le rendez-vous qu'on nous propose est un rendez-vous de l'amitié, de la beauté et de l'intelligence. » Jack Lang félicite le Maroc Présent au vernissage, dans son allocution, Jack Lang n'hésitera pas à qualifier cette biennale de « moment historique au Maroc qui connaît depuis si longtemps déjà et, de plus en plus, une effervescence artistique qu'aucun autre pays voisin » ajoutant qu'au Maroc, il y a « une force incroyable, en particulier les femmes qui, aujourd'hui, sont au premier plan de cette créativité marocaine. Je suis fier que l'Institut du Monde arabe soit associé depuis des années au Maroc ». Il rappellera l'exposition consacrée au Maroc, qui s'est tenue à l'IMA , mais aussi l'année où le Maroc était l'hôte d'honneur du Salon du livre à Paris, qui a vu l'exposition de manuscrits qui sortaient pour la première fois de collections publique et royale marocaines. Il citera aussi la Biennale des photographes du Monde arabe mettant à l'honneur le Liban et le Maroc. Abordant cette première biennale d'art contemporain de Rabat il dira que cette dernière semble s'articuler autour d'une idée, une vision, d'une conception. Ce n'est pas un fourre-tout comme on le voit dans d'autres biennales, une addition de caprices, de désir de marchands ou de galeristes, non ! C'est un événement fort et puissant, ordonné, mettant en avant la confirmation à la fois d'artistes que nous connaissons, mais aussi d'extraordinaires découvertes. Je crois que cette biennale va faire date ». Aussi, a-t-il annoncé que l'IMA accueillera cette biennale de façon revisitée au cours des prochain mois. Et de souligner : « Nous avons sans cesse été sollicités pour être présents dans la vie marocaine et le prochain événement auquel nous participons c'est dans quelques semaines. Il s'agit de la transposition d'une métamorphose d'un grand événement qui a eu lieu à Paris sur les trésors de l'islam dans l'Afrique subsaharienne, de Tombouctou à Zanzibar. Cette exposition sera au musée. » De son côté, Abdelkader Damani, commissaire général de cette biennale placée sous le thème « L'instant avant le monde », expliquera d'emblée sa démarche à travers elle. « Je ne voulais pas faire une biennale qui a la prétention de dire ‘'voilà ce qui se passe dans la création contemporaine''. Cela n'a pas de sens. » L'actuel directeur du Fonds régional d'art contemporain (Frac) du Centre-Val-de-Loire en France et cocommissaire de la biennale de Dakar en 2014, citera ainsi une œuvre qui date de trois cent cinquante mille ans, dans le parcours de cette biennale. Il s'agit, en fait, du crane le plus vieux du monde, trouvé au Maroc. Mais aussi toutes les Vénus qui datent de l'époque romaine. La filiation et le contemporain « Je tenais à ce que cette profondeur historique soit là avec le contemporain pour rappeler que nous avons dans cette partie du monde une magnifique obsession. Une obsession de filiation, l'amour du récit, l'amour des histoires. C'est ce que nous pourrions porter et raconter au reste du monde. j'ai fait aussi cette biennale comme un archipel... Tout le monde s'est réuni autour de cette biennale pour qu'il fasse en sorte qu'elle soit réussie et puis, il y a cette exposition internationale pour laquelle j'ai choisi de n'inviter que des artistes femmes. J'ai conçu cette biennale simplement pour rendre un hommage à ma mère. Par-delà, rendre hommage à toutes les femmes qui au Maghreb portent les équilibres, nous protègent contre l'horreur du monde et puis dessinent pour nous un monde. Nous méritons ce monde grâce à elles. » 76 artistes de 27 pays Se déroulant sur 11 sites, cette Biennale d'art contemporain de Rabat accueille de nombreux artistes de disciplines diverses. Entre photographie, performance, installation, danse, vidéos d'art, cinéma.. Cette biennale s'est voulu brasser une multitude de genres artistiques selon le thème établi. Parmi les Algériennes présentes on citera l'artiste-peintre Fella Tamzali, accompagnée de Wassila Tamzali pour les Ateliers sauvages, mais aussi l'activiste et militante politique Hania Chabane, les artistes visuelles Halida Boughriet, Katia Kameli et Nadia Bellala, mais aussi les oeuvres filmiques de Bahia Bencheikh Lefgoun, à savoir Hna berra et Fragments de rêves. Enfin, il est bon de souligner que la biennale de Rabat se traduit en chiffres par 76 artistes issus de 27 nationalités. Des œuvres originales, touchantes, émouvantes, conceptuelles, militantes, ancrées dans la réalité et qui témoignent d'un bouillonnement artistique avéré sur la scène artistique mondiale et notamment de la vivacité de la créativité chez la gent féminine. A rappeler que si vous passez par Rabat, il est impératif de visiter ces belles expositions visibles jusqu'au mois de décembre.