«En l'absence de données fiables, il est très difficile d'estimer le nombre de ces enfants». Pour assurer une meilleure prise en charge des enfants de la rue, le Dr Djamel Ould Abbès, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, a annoncé, hier, lors du séminaire tenu sur le Samu social enfants à Staoueli, la mise en place du «Samu social enfants». Cette rencontre est organisée avec l'appui du bureau de l'Unicef à Alger et la participation du Samu social de Paris, représenté par son président, le Dr Xavier Emmanuelli. Dans une première étape, et à titre expérimental, des structures souples à caractère mobile seront mises en place dans les établissements Diar Er Rahma d'Alger, d'Oran et de Constantine. Les activités des centres spécialisés de rééducation (CSR), des services d'observation et d'éducation en milieu ouvert (Soemo) et foyers pour enfants assistés (FEA) seront rentabilisées. Sur ce point, le premier responsable du secteur a avancé que la prise en charge des enfants dans ce type de structure «fonctionne encore sur l'ancien mode, un mode dépassé». Dans ce cadre, il a indiqué que son département offrira des formations à ces structures. Aussi, et tout en menant leur action de prise en charge des enfants de la rue ou en difficulté sociale, les équipes du Samu social enfants auront également pour mission d'observer les enfants de la rue et les enfants qui vivent dans la rue et d'analyser leurs besoins, souligne le ministre. «Le but assigné à ces actions est de contribuer au développement des connaissances sur les enfants de cette catégorie mais aussi l'amélioration de leur prise en charge». Mais quel est le nombre de ces enfants? Une question à laquelle le ministre ne trouve pas de réponse. «En l'absence de données fiables, il est très difficile d'en estimer le nombre», déclare-t-il. Pour le ministre, le problème de ces enfants relève de la désagrégation du lien social et des valeurs morales, de l'affaiblissement des capacités intégratives de la famille, de l'urbanisation rapide qu'a connue notre pays. Le facteur aggravant cette situation, ajoute le Dr Ould Abbès, est l'exode rural et la fuite des citoyens «menacés par un terrorisme barbare durant une décennie noire. Un déracinement fatal à l'épanouissement de l'enfance et à son évolution». «Actuellement, des millions d'enfants dans le monde vivent dans la rue. Il y a une dizaine d'années, l'âge de ces enfants se situait entre 14 et 15 ans. Aujourd'hui, leur âge va de 7 à 12 ans». Dans le même cadre, le ministre a relevé l'apparition de valeurs et de modèles de conduite nouveaux, tels le travail des enfants hors des lieux de socialisation habituels. Rejetés de l'école ou de la famille, exploités parfois par leurs propres parents, ces enfants n'ont-ils pas d'autres espaces de vie que la rue? Tout le monde a pu remarquer leur présence dans les grandes villes par petits groupes ou isolés. Ils sont là, sur les trottoirs à vendre des cigarettes, dans les marchés à proposer toutes sortes de marchandises à la vente, on peut les voir mendier. A ce propos, le ministre affirme que «certains parents indignes manipulent leurs enfants en vue d'atteindre l'âme sensible des passants». «Ce sont des véritables réseaux de mendicité». Sur cette question, M.Ould Abbès avait, à maintes reprises, insisté sur la nécessité «de faire valoir la loi afin de sauver les enfants exploités par les leurs dans la pratique de la mendicité». Une opération a été lancée récemment visant à rassembler ces enfants pour les orienter vers des centres relevant du ministère de la Justice. Cette opération, a précisé le ministre, s'inscrit en prolongement d'une opération similaire entamée en décembre 2003 qui vise à héberger le plus grand nombre de personnes sans abri dans des centres spécialisés. Ainsi et depuis le lancement de l'opération sur l'ensemble du territoire national, 16.778 personnes sans abri ont été recensées, note le ministre.