"Le lien reste profond entre l'enfance errante en danger et la délinquance juvénile. C'est bien dans le lot des enfants en grande difficulté qu'on va trouver les jeunes qui mettent en danger la vie des autres (…) C'est bien en veillant à ce que le moins d'enfants possible soit en danger que l'on pourra s'attaquer à la délinquance juvénile". Cette phrase du docteur Ould Abbas, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, résume avec force réalisme et objectivité les préoccupations de nombreux citoyens liées aux problèmes de l'insécurité qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes dans notre société comme ailleurs. Pour apporter une réponse à ce problème, le département de la Solidarité nationale a procédé à l'élaboration d'un important projet, dit le "Samu Social Algérie", et "qui a pour objectif d'assurer la prise en charge éducative et pédagogique de l'enfant qui n'a pour milieu de vie que la rue", a expliqué Ould Abbas, hier, lors de son allocution à l'occasion de l'organisation par son département d'un séminaire de formation sur l'errance juvénile. Ce séminaire, faut-il le souligner rentre dans le cadre de la coopération entre l'Algérie et la région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur) de France. D'ailleurs, en marge de ce séminaire, les deux parties ont procédé à la signature d'un protocole d'accord portant sur l'échange des expériences, de données et d'informations concernant ce sujet. "Ce séminaire consacré à l'errance juvénile s'insère dans le cycle de formation que nous avons lancé le 23 janvier 2006, avec la participation du SAMU social international en prélude à la mise en place du dispositif "Samu Social Algérie" conformément aux orientations de Monsieur le président de la République", rappelle encore le docteur Ould Abbas. Il s'agit pour les responsables du département de l'emploi et de la solidarité nationale, qui seront entourés de formateurs de l'association "Confluences Méditerranéenne" et du réseau REMI et des services AEMO, "d'approfondir la réflexion sur les enfants de la rue, de cerner les contours que pourrait prendre la stratégie autour des besoins et la fonction de l'éducateur de rue avant d'élaborer une méthodologie de projet pour un programme d'intervention", précise le ministre. Situant l'événement d'hier dans son contexte, M. Ould Abbas s'est félicité "du prolongement qu'a pris le séminaire de formation sur la bientraitance des personnes en difficulté psychique et sociale, organisé à Alger au cours du mois de mai de l'année dernière" avant de d'ajouter que "le cycle de formation que nous avons lancé le 23 janvier 2006, avec la participation du Samu social international", en constitue le véritable point de départ qui traduit le souci du chef de l'Etat d'éradiquer cette situation porteuse de dangers… Il faut indiquer à ce sujet que le département de la solidarité nationale compte 258 établissements spécialisés dont 42 établissements chargés de la sauvegarde des mineurs en conflit avec la loi ou en danger moral, répartis sur 35 wilayas. 9 de ces derniers sont des centres spécialisés pour filles. Le nombre des enfants errants reste cependant inconnu. Mme Bounab, directrice du Centre national de formation des formateurs spécialisés, indique que le problème réside dans l'identification des enfants en difficulté ou en danger, d'où l'impossibilité d'établir des chiffres fiables. Il reste quand même utile d'indiquer qu'une enquête pour le recensement sera déclenchée incessamment pour connaître l'ampleur du problème en Algérie, et ce, en collaboration avec les services du REMI (Réseau Euro méditerranéen pour les mineurs isolés). Cependant, des indicateurs existent : l'Algérie est dotée aussi de 30 Centres spécialisés de rééducation (CSR) répartis sur 25 wilayas. Leur capacité d'accueil est de 2 370 enfants, mais le nombre réel de leur population ne dépasse pas 1 934 enfants, soit 59% de cette capacité. Ces derniers bénéficient d'un encadrement de 1 369 personnels tous corps confondus dont 407 pédagogique… Il convient de dire enfin, que le protocole n'est pas une action d'apparat : "je répète encore une fois que nous construisons le projet "Samu social Algérie" à partir de la réalité du terrain. C'est la raison pour laquelle nous avons fait appel à des acteurs de terrain pour participer aux travaux de ces journées de formation" conclut le docteur Ould Abbas.