La guéguerre entre lui et Djenouhat commence à se faire entendre pour ne plus constituer un secret professionnel. Le patron de la Centrale syndicale Abdelmadjid Sidi Saïd ne mâche ses mots. Lors de l'ouverture, hier à Alger, de la 2e session exécutive de la Fédération nationale des travailleurs retraités, le secrétaire général de l'Ugta a dénoncé le lobby qui s'est constitué au sein de sa maison, visant sa mise à la porte. En termes à peine voilés, Sidi Saïd n'est pas allé hier avec le dos de la cuillère pour dénoncer cette pression qui n'a pour but que de l´écarter des couloirs de la Centrale. Tout le monde connaît la rivalité qui oppose Sidi Saïd à son ex-bras droit Mohamed salah Djenouhat. Celle-ci au fil du temps commence à se faire entendre pour ne plus constituer un secret professionnel. Il faudrait reconnaître que le n°1 de l'Ugta ne lésine plus sur les propos pour dénoncer, plutôt tenter de couper l'herbe sous les pieds de ses rivaux. La guerre est donc ouverte sur tous les fronts entre les deux hommes. L'orateur, devant un parterre important, a fait état d'une situation critique dans laquelle s'est embourbée sa maison. Sidi Saïd a, selon toute vraisemblance, mis l'occasion à son profit pour vider son sac qui est, paraît-il, trop plein et pèse lourdement sur ses épaules. Le secrétaire général de l'Ugta a reconnu avoir «éventuellement» commis des «erreurs», mais il n'est pas question, selon lui, d'assumer la situation et le malaise qui anime les travailleurs. C'est, en fait, la contre-attaque pure et simple à l'adresse de ses détracteurs, à leur tête le n°2 de l'Ugta, en l'occurrence Mohamed Salah Djenouhat. Il a, par ailleurs, mis l´accent sur la nécessité de mettre de l´ordre dans l´action syndicale. Car la maison, selon lui, doit se relooker «dans l´intérêt des travailleurs, des syndicats en particulier et de l´Algérie en général», a-t-il affirmé. Mais Sidi Saïd est-il réellement en mesure de faire le poids face à un lobby qui n'est pas prêt à céder aussi facilement le terrain? Cette question laisse suggérer plusieurs hypothèses. Sans verser dans la polémique, Sidi Saïd a laissé entendre que le temps est venu "afin d´offrir aux jeunes l´opportunité de jouer leur rôle dans l´univers syndical et social". C'est une déclaration qui, le moins qu'on puisse dire, atteste la volonté de mettre d'autres personnes au volant. Mais, quelque temps plus tard, une autre hypothèse se profile à la suite d'autres déclarations. On avait l'impression que Sidi Saïd voulait jouer la carte de la réconciliation en affirmant que la nécessité impose une action « concertée et sérieuse pour réaliser les objectifs de tous les travailleurs". Sur son élan, il a souligné "la nécessité d´exercer l´action syndicale dans le cadre de la démocratie et du dialogue au sein de toutes les sections syndicales pour créer une dynamique commune basée essentiellement sur le respect de l´avis de l´autre". Ce n'est pas tout, le patron de l'Ugta, d'un ton colérique, dira qu'au lieu de se consacrer pleinement aux questions qui préoccupent les travailleurs, «je passe 40% de mon temps à gérer les faux problèmes». Il fait allusion sans doute aux luttes intestines que se livrent des parties antagonistes au sein même de la centrale syndicale. Il faut dire que le vent ne joue plus ces derniers jours au profit de l'Ugta. Car, les foyers de tensions se sont déclarés un peu partout à commencer par les fédérations de l'éducation et celles du textile et du cuir. Soumis à une pression sans relâche, Abdelmadjid Sidi Saïd a été, en quelque sorte, contraint de trouver un calmant pour la grogne qui anime les travailleurs affiliés à son syndicat. Le sujet qui fâche a été évoqué; 47.000 salariés impayés depuis des mois. A ce propos tout le monde s'attendait à la réplique de Sidi Saïd, dont la maison est depuis quelques jours assiégée par les travailleurs contestataires. Ainsi, le premier responsable de l'Ugta ne s'attarde pas à annoncer que ces arriérés des salaires seront payés dans quelques jours, une tentative qui s'avère indispensable pour calmer les esprits échauffés. En ses termes propres, il affirme que « les travailleurs qui n´ont pas perçu leurs salaires depuis 15 mois, seront payés dans les prochains jours". Laquelle décision intervient, souligne-t-il, à la suite d'un accord paraphé entre la centrale syndicale et le gouvernement. Il est question donc, en référence aux recommandations émises de payer les 47.000 travailleurs n´ayant pas perçu leurs salaires depuis 15 mois. Dans un discours prononcé devant les travailleurs, Sidi Saïd a précisé que cet accord est le résultat de six mois de négociations «très âpres et ardues qui se sont achevées il y a 10 jours» et après lesquelles les travailleurs percevront intégralement leur dû, à en croire Sidi Saïd.