La déclaration pourrait être perçue comme un geste d'apaisement pour «relooker» l'image de l'Ugta. Les deux hommes forts de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd et Mohamed Salah Djenouhat, qui alimentent une vive polémique, veulent, semble-t-il, «relooker» l'image de l'Ugta, livrée, ces derniers jours, aux «interprétations et spéculations», notamment sur la dégradation des relations entre les deux cadres. En dépit de tout ce qui a été dit, récemment, par le patron de la Centrale, dénonçant un «lobby» qui se serait constitué au sein de la maison Abdelhak Benhamouda, visant sa mise à la porte, le n°2 de l'Ugta, dans une laconique déclaration, hier, à L'Expression, a mis de l'eau dans son vin plutôt que de rendre à Sidi Saïd la monnaie de sa pièce. Le patron de l'Ugta, faut-il le rappeler, n'a pas mâché ses mots à l'adresse de ses détracteurs, lors de l'ouverture, la semaine dernière à Alger, de la 2e session exécutive de la Fédération nationale des travailleurs retraités. Les déclarations fracassantes de Sidi Saïd ne sont pas innocentes. Ce dernier a mis l'occasion à profit pour vider son sac qui est, paraît-il, trop plein. Sans révéler les personnages qui sont ciblés, le premier responsable de l'Ugta a tiré plusieurs flèches qui, selon toutes les interprétations, avaient un seul objectif: le chargé de l'organique, Mohamed Salah Djenouhat. Contre toute attente, ce dernier a affirmé, hier, qu'il n'existe aucune «guéguerre» entre lui et son patron, Abdelmadjid Sidi Said. Y a-t-il eu des contacts entre les deux hommes pour calmer la polémique qui a pris une mauvaise tournure, ou s'agit-il d'un geste d'apaisement de la part de Salah Djenouhat? En tout cas, de son côté, Sidi Saïd, lors de la même entrevue, voulait jouer la carte de la réconciliation en affirmant que la nécessité impose une action «concertée et sérieuse pour réaliser les objectifs de tous les travailleurs». Il a dans le même sillage souligné «la nécessité d´exercer l´action syndicale dans le cadre de la démocratie et du dialogue au sein de toutes les sections syndicales pour créer une dynamique commune basée essentiellement sur le respect de l´avis de l´autre». Des déclarations qui, le moins qu'on puisse dire, ouvrent le débat sur une autre hypothèse qu'est la volonté de s'offrir une chance de réconciliation. Chose qui a, éventuellement, poussé le n°2 du syndicat à dire qu'il n'existe aucun conflit entre lui et la personne de Sidi Saïd. Au-dela de cette guerre froide, c'est, en fin de compte, l'intérêt des travailleurs qui est en jeu. Sidi Saïd l'a bien dit, d'ailleurs: «Au lieu de me consacrer aux problèmes des travailleurs, je passe 40% de mon temps à m'occuper de faux problèmes.» Une sentence qui veut dire qu'un laisser-aller règne depuis quelque temps au niveau de la Centrale syndicale, et qui serait vraisemblablement à l'origine même du malaise qui a affecté plusieurs fédérations. Peu de sorties médiatiques pour les deux hommes, mais Mohamed Salah Djenouhat avait promis, hier, de tirer les choses au clair. Quoi qu'il en soit, à la faveur du malaise qui entoure la maison Ugta, et qui pourrait être alimenté par la dernière sortie du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, refusant toute idée sur la revalorisation salariale. Les choses peuvent devenir plus complexes pour l'Ugta. Chose qui veut dire qu'il est temps plutôt de trouver un «calmant» à la grogne des travailleurs que de se livrer une guerre de leadership au détriment de l'intérêt des travailleurs. Faut-il souligner enfin que les travailleurs, anciens syndicalistes de l'Ugta et personnalités politiques se sont rassemblés, hier, devant les locaux du syndicat pour marquer l'anniversaire de l'assassinat, le 28/01/1997 de Abdelhak Benhamouda, ex-secrétaire général de l'Ugta. Une occasion toute indiquée pour tirer les conclusions sur la situation qui prévaut au sein de la Centrale syndicale.