Amar Mehdi, membre de la commission exécutive et membre du conseil national du RND, a été écarté de la Maison du peuple. La guerre secrète a-t-elle commencé à l'Ugta? La direction de la Centrale syndicale est accusée de laisser-aller, de passivité et de manque de respect aux valeurs nationales. C'est l'ex-rival de Abdelmadjid Sidi-Saïd, lors du 10e congrès de l'Ugta, en l'occurrence M.Amar Mehdi, qui revient à la charge à l'approche du 11e congrès, prévu avant la fin de l'année en cours. Amar Mehdi a annoncé, aussi, une initiative pour le changement de direction de la Centrale syndicale. Mais le secrétariat national a décidé de répondre du tac au tac. Amar Mehdi a été suspendu, hier, de toutes ses responsabilités syndicales. Il fallait s'y attendre, juge-t-on. A la Maison du peuple, l'on considère que la dernière sortie d'Amar Mehdi est non conforme au règlement intérieur de l'Ugta. En termes clairs, «il existe bel et bien un cadre plus approprié dans lequel Amar Mehdi est habilité à s'expliquer; c'est la commission exécutive nationale de l'Ugta». Le secrétariat national de l'Union générale des travailleurs algériens, qui s'est réuni, hier, en session extraordinaire consacrée à l'«affaire Amar Mehdi», a rendu son verdict, excluant, sans réserves ni faux-fuyants, «le rebelle» de la commission exécutive. Son dossier est donc remis à la commission de discipline, à en croire une source proche du secrétariat national. Le dossier de Amar Mehdi est inséré parmi les affaires de «dépassement et activité en dehors du cadre réglementaire», explique aussi notre source. Ainsi, après un bref break syndical, l'heure est, cette fois-ci, aux mesures disciplinaires. Ces dernières semaines, avant le 11e congrès de l'Ugta, ont un parfum d'une véritable veillée d'armes. La sortie brusque de Amar Mehdi n'est aucunement innocente. Il est pour rappel, sénateur et président du groupe parlementaire du tiers présidentiel, mais aussi un membre du conseil national du RND. Amar Mehdi vise-t-il un coup publicitaire? Sinon pourquoi est-il resté muet depuis des années? Et d'exiger, aujourd'hui, d'une manière brusque, qu'un point final soit mis à la passivité de l'Ugta. Le secrétariat national de l'Ugta, dirigé exclusivement par le parti d'Ahmed Ouyahia, a ainsi réservé une fin tragique au film Amar Mehdi. Ce dernier a voulu faire d'une pierre deux coups: montrer qu'il pouvait sortir de la «passivité Ugta» et attirer les projecteurs en vue d'une éventuelle candidature à la succession de Sidi-Saïd. Par ailleurs, Amar Mehdi est-il allé trop vite? D'autres lectures impliquent l'enjeu des prochaines législatives dans l'échiquier syndical. D'autant que l'Ugta a appelé à un vote massif, chose qui va arranger, sans l'ombre d'un doute, le parti d'Ahmed Ouyahia, puisque le secrétariat national de l'Ugta est composé de militants du RND. L'affaire de Amar Mehdi et ses compagnons peut-elle exprimer une volonté de mettre les bâtons dans les roues au RND? De quelle manière? Sinon, Amar Mehdi avait-il d'autres intentions? Bien que sa sortie imprévue est, de près ou de loin, en relation aussi avec le 11e congrès de l'Ugta, dont les préparatifs semblent se dérouler normalement. Sur le plan organique, le syndicat de Sidi-Saïd annonça son passage à la vitesse supérieure dans la restructuration des fédérations. Une opération qui a commencé officiellement le 9 janvier 2007. La restructuration des cellules syndicales de base devra s'achever le premier juin afin de libérer la voie au travail de la commission exécutive nationale. C'est Salah Djenouhat, secrétaire national chargé de l'organique qui s'affaire, le pied sur l'accélérateur, à restructurer les fédérations, une condition sine qua non censée conduire vers les assises nationales du 11e congrès. Cette instance devra statuer, également, sur le dossier des candidatures après l'achèvement de l'opération de «restructuration organique». Amar Mehdi avait-il l'intention de se présenter comme rival, une fois de plus, de Abdelmadjid Sidi-Saïd, l'actuel secrétaire général de l'Ugta? A première vue, sa candidature semblait presque certaine, eu égard à sa sortie qui intervient après une longue période d'hibernation et en pleins préparatifs du 11e congrès. En toile de fond, figure, aussi, une soi-disant campagne contre Sidi-Saïd après son témoignage au tribunal de Blida dans le cadre de l'affaire Khalifa. Cette affaire, qui a fait tache d'huile, pourrait être à l'origine de cette opposition qui s'est fait entendre à l'Ugta, avant d'être asphyxiée par le secrétariat national. Malencontreusement, le secrétariat national dit non. Mais cette instance veut-elle gommer toute forme d'opposition? La question mérite d'être posée et la marge des hypothèses reste permise. La bataille de candidatures du 11e congrès de l'Ugta est donc renvoyée sine die. Un pas coûteux pour Amar Mehdi. Tandis que Salah Djenouhat avait exclu sa candidature «si Abdelmadjid Sidi-Saïd se présenterait pour un autre mandat».