Le syndicat autonome attend l'UGTA sur le terrain juridique où il compte l'entraîner. Rappelons que le Snapap - Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique - a déposé une plainte au niveau du tribunal de Sidi M'hamed (Alger) contre l'UGTA et le ministère du Travail pour obtenir des comptes sur la gestion des subventions octroyées par l'Etat à l'ensemble des syndicats. La réaction de l'UGTA ne s'est pas fait attendre, virulente: «En réponse aux accusations et menaces proférées par le Snapap à l'endroit de l'Union générale des travailleurs, cette dernière a décidé de poursuivre en justice tous les individus ayant publiquement attenté à l'honneur, à la dignité de la direction de l'organisation et de ses cadres à la base. Nous n'avons aucun compte à rendre à ce pseudo-syndicat quant à notre façon de gérer.» Face à ces propos, les syndicalistes du Snapap, qui se remettent de leur grève de la faim, ne semblent nullement inquiétés et reprochent toujours à l'UGTA la mainmise chaque année sur 250 milliards de centimes et des logements construits avec l'argent des travailleurs, soit une moyenne de cent unités par wilaya. Plus encore, selon M.Rachid Maâlaoui, l'UGTA, en brandissant l'épouvantail de la plainte, ne fait que bluffer car la Centrale syndicale serait sur une poudrière et risquerait fort d'être prise à son propre jeu. Le secrétaire général du Snapap détiendrait plusieurs dossiers «explosifs» et compromettants pour la Centrale. Le recours à la justice donc, ne ferait que précipiter sa chute. Le patron du Snapap poursuit: «Des fuites nous parviennent des syndicalistes même de l'UGTA, qui, ajoutées aux vérités que nous détenons ne feront que pulvériser l'organisation de Sidi Saïd.» Car selon notre interlocuteur, l'UGTA doit rendre des comptes au sujet de la gestion du patrimoine des travailleurs. Elle ne peut, à présent, fuir ni son présent ni son passé, prise qu'elle est au piège de lois scélérates, caduques et anticonstitutionnelles. Sinon, ajoute-t-il, comment expliquer que des retraités sont encore à l'UGTA. Les droits des travailleurs ne peuvent être défendus que par du sang neuf. Par des acteurs au coeur de l'action syndicale, au fait des droits des travailleurs et des préoccupations actuelles. Quant au reproche fait par l'UGTA au Snapap d'avoir eu recours à des instances internationales, M.Maâlaoui s'en défend en affirmant que l'UGTA se contredit sur ce point puisqu'elle - même membre de l'OIT et du BIT et que chaque année elle se retrouve en Suisse ou en Belgique avec ses homologues de l'Union mondiale des syndicalistes ou pour signer quelque convention avec l'Union européenne. Du coup, c'est le ministère du Travail qui se retrouve à son tour au box des accusés pour avoir distribué les subventions et pour avoir appliqué les propositions de l'UGTA. Dans toute cette affaire, d'après M.Maâlaoui, il ne s'agit pas encore de plaintes au sens strict du terme. Mais uniquement de «demi-plaintes» - pour reprendre ses termes - qui pourraient devenir plaintes pénales effectives, après expertises. Le Snapap se réunira mercredi avec le ministère du Travail. Au cours de ce prochain rendez-vous, la priorité sera donnée aux «décisions» et la plate-forme de revendications de ce syndicat sera plus que jamais remise sur la table. Les syndicats autonomes, déjà ralliés au Snapap et qui demanderont des comptes, ne feront alors qu'augmenter la pression sur la maison UGTA.