Les syndicats autonomes appellent la société civile à les soutenir dans ce qu'ils qualifient de « lutte contre les harcèlements » des pouvoirs publics. L'appel lancé lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du Snapap par les présidents de syndicats des enseignants et des médecins spécialistes intervient à la veille du passage de 12 syndicalistes devant la justice. Ces syndicalistes, convoqués le 1er juillet 2007 à 9h par le tribunal de Sidi M'hamed (Alger-Centre), sont poursuivis depuis 2003 pour avoir appelé à des grèves jugées illégales par l'administration. Ces derniers sont issus de nombreux syndicats de l'éducation nationale, tels le CLA, le Cnapest et le Snapest (syndicats des professeurs de lycées) et d'autres organisations représentant les autres paliers de l'enseignement, comme le Satef, l'Unpef et le Sete affilié à l'UGTA. Selon une déclaration lue par Redouane Osmane, président du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), « les camarades subissent depuis maintenant quatre ans une opération de coercition administrative, de pression et de répression, de harcèlement judiciaire et administratif avec pour objectif d'éradiquer la revendication sociale ». Pour le président du Cnapest, Ali Lemdani, la volonté des pouvoirs publics à mâter les syndicalistes qui ne sont pas en « conformité » avec l'ordre établi se concrétise de plus en plus sur le terrain. Et d'ajouter : « Les lois sont bafouées, les conventions internationales que l'Algérie a ratifiées sont ignorées et nous constatons que les tenants du libéralisme économique ne veulent pas entendre parler d'une libéralisation du champ syndical. » De son côté, l'hôte de la rencontre, en l'occurrence M. Malaoui, président du Syndicat autonome du secteur public et parapublic (Snapap), a plaidé pour une mobilisation « accrue » de la société civile afin de « stopper les visées liberticides des pouvoirs publics ». « Nous refusons l'instrumentalisation de la justice et l'idée de ‘‘coller'' des tâches noires aux syndicats autonomes. Le but recherché est d'aller vers le gel, voire l'interdiction pure et simple aux organisations syndicales à militer réellement pour le bien-être des travailleurs », a ajouté le syndicaliste. Présent lors de cette conférence, le député RCD et syndicaliste, Tahar Besbes, a tenu à signaler l'intervention qu'il a faite récemment à l'APN et qui consistait à rappeler les engagements internationaux de l'Etat algérien en ce qui concerne les libertés syndicales. Tahar Besbes n'a pas omis aussi de réitérer la nécessité de créer un « syndicat pluridisciplinaire fort et uni » qui serait à même de faire face à « l'omnipotence de l'UGTA ». « Appelons-la bloc ou confédération des syndicats autonomes, l'essentiel est d'aller vite vers une organisation qui prendrait en charge véritablement les revendications des travailleurs algériens », a-t-il souligné.