Ouverte jusqu'au 10 février, cette magnifique exposition a été organisée grâce à la collaboration de la galerie Arts en liberté et du CCF. Grâce à une technique qu'il pratique depuis presque 30 ans, l'artiste plasticien, Mustapha Boutadjine, est revenu mercredi dernier exposer ses oeuvres à la Bibliothèque nationale d'El Hamma. 44 tableaux décorent ce vaste espace de la bibliothèque placés sous le générique de «Blacks et partisans». Graphisme et collage sont les deux procédés essentiels qui ont permis à l'artiste de créer des oeuvres magnifiques. Des bouts de papiers qu'il récupère de différents magazines et qui, collés minutieusement, soigneusement, impriment une idée, un visage, un portrait et donnent ainsi du volume, de la perspective. Et pas n'importe quel portrait. Mustapha Boutadjine a choisi sciemment de nous présenter des portraits de personnes qui ont compté non seulement dans sa vie mais dans la vie de l'humanité toute entière. Des personnalités historiques mais aussi culturelles, artistiques, sportives et politiques. Deux thèmes soulignent cette thématique. Il s'agit des Blacks et des partisans. Et c'est naturellement Franzt-Fanon, à la fois, militant, psychiatre et écrivain, auteur de l'oeuvre majeure Les damnés de la terre, qui a constitué son premier jet «plastique» parmi ces pièces qui rendent hommage aux Blacks, fervents défenseurs de la cause juste, pour la liberté et contre le racisme et la xénophobie. «Black is beautiful» est le slogan connu des Blacks Panthers que l'artiste a rencontrés lors de ses études qu'il a menées à l'école des Beaux-Arts en Algérie, et qui l'ont marqué. Parlant de ses oeuvres, Mustapha Boutadjine précise vouloir «véhiculer des valeurs humaines telles que la justice, la fraternité et le partage». Et de relever: «J'ai rajouté toujours à ce slogan car les noirs sont toujours marginalisés. J'en prends pour preuve, ce qui s'est passé lors de l'ouragan, à la Louisiane, on ne s'occupait pas des Noirs». Sur les 44 tableaux exposés, on peut également discerner ces portraits de moudjahidine et militants, Français et Algériens qui ont combattu pour la même cause et dont certains ont été guillotinés. On peut citer, Fernand Iveton, Maurice Leban, mais aussi Abane Ramdane, Henri Maillot, Raymonde Peschard. Célèbres ou anonymes, toutes ces personnes ont été des héros et s'inscrivent aujourd'hui dans l'histoire et la mémoire pour le geste glorieux qu'ils ont accompli de leur vivant. Chacun dans son domaine, en défendant une cause, un pays, un emblème, une patrie, méritent qu'on s'y attarde car ils constituent pour nous tout un symbole de courage, de force et de persévérance. Kateb Yacine, Dahmane El Harrachi, le jazzman Louis Amstrong, la diva du Cap-Vert, Cesaira Evora, Bob Marley, Compay Segundo qui a propulsé le son cubain sur les rails de par le monde grâce à l'enregistrement de Buena Vista Social Club, Donal Cox, responsable des Blacks Panthers à Alger en 1970-1972, la belle Ella Fitzgerald, le maître du rock électrique Jimi Hendrix, Malcom X, Martin Luther King, Mohamed Ali le boxeur, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Pelé etc. Comment peut-on oublier tous ces gens qui ont été et continuent à être un modèle pour la jeunesse d'aujourd'hui. Des artistes devenus mythiques, enfin, des icônes. «La lumière est presque toujours focalisée sur les saillies du visage comme sous les lampes d'un studio-photo qu'évoque aussi la simplicité des poses. De cet artifice, l'artiste fait jaillir la vivacité de la présence, la force irréductible de l'identité des femmes et des hommes qu'il enlumine. L'enclos qu'il a fabriqué nous projette hors des illusions. Au-delà de l'abri de papier, s'étendent Harlem et le Bronx, le Sénégal et Soweto, Haïti et l'Algérie de Frantz Fanon, l'Alabama que des croix de la haine calcinent, noirs paysages de la ségrégation, du vol colonial, de la barbarie raciste. Mustapha Boutadjine, allume les contre-feux», souligne, à juste titre, Dominique Widmann, journaliste à l'Humanité, rapporté dans le catalogue de cette expo qui est ouverte jusqu'au 10 février.