Vérité, Justice, Mémoire et Pardon. Telle est la table de la loi présentée avec l'enthousiasme qui lui est propre et que le poids des ans n'a nullement altéré, par Ali Yahia Abdenour, que nous avons reçu «A coeur ouvert» pour un débat exhaustif sur les grandes questions de l'heure. Alerte, passionné autant que passionnant, parfois ému, souvent émouvant, il nous a asséné ses vérités avec une force de conviction dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle honore le vieux militant des droits de l'homme qu'il est. Ali Yahia Abdenour a consacré 20 ans de sa vie à sa passion, la défense des libertés et la sauvegarde des droits fondamentaux de l'être humain. C'est dire que, quelque part, il lui a fallu nombre de sacrifices. Il en garde une certaine amertume, exprimée avec une touchante retenue. Mais son optimisme est plus fort que tout et sa force de caractère vivace. Voilà pourquoi il ne pouvait que réagir fortement à la question sur la loi du 23 février 2005 et le désormais fameux article 4 glorifiant la colonisation. «C'est scandaleux» explose-t-il que des gens qui «nous ont humiliés» pendant 132 ans, qui ont pratiqué «la torture, les assassinats collectifs, la déculturation» et bien d'autres méfaits puissent aujourd'hui prétendre enseigner que le colonialisme a été un «bienfait» pour les peuples opprimés. «C'est un crime contre l'humanité» ni plus ni moins et l' Etat français «doit demander pardon au peuple algérien» pour toutes les exactions commises durant la longue période de la colonisation. Pour lui, le président de la République a eu raison de contester violemment cette loi et de condamner ses auteurs qui, pense-t-il, sont aussi bien dans l'UMP que dans la classe politique et la société française en général. Pour Ali Yahia Abdenour, les ténors de «l'UMP» ont tous parrainé cette loi de glorification du colonialisme, le gouvernement l'a soutenue et le président Chirac l'a approuvée. Il y a , à ses yeux, un consensus français qui illustre les tenants et les aboutissants de cette loi révélatrice de l'état d'esprit qui prévaut en France. C'est ce qui rend impérative la revendication de la repentance qui, selon lui, est un devoir de mémoire à l'égard des millions de victimes du colonialisme barbare. Sur le plan strictement juridique, et après la saisine par le président Chirac du Conseil constitutionnel, il faut attendre de savoir quelle va être la réponse de celui-ci : ou l'article 4 sera abrogé parce que relevant du réglementaire, auquel cas d'autres péripéties interviendront selon la démarche du gouvernement français qui aura à en arrêter les dispositions pratiques ou il sera confirmé en tant que disposition législative et là il faudra réagir avec davantage de force et de détermination.