Le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Salem Ould Salek, est monté, hier, au créneau pour tirer les enseignements des récentes dispositions prises par le Conseil de sécurité de l'ONU qui a prorogé le mandat de la Minurso pour une année entière, contrairement aux deux sessions précédentes, avec en filigrane des manœuvres sournoises pour annihiler les efforts de l'organisation onusienne tels qu'ils ont été explicités par le secrétaire général Antonio Guterres. On se souvient que dans le rapport transmis au Conseil de sécurité, celui-ci avait insisté sur la mission fondamentale de l'ONU au Sahara occidental en soulignant qu'il s'agit d'abord et surtout d'un processus de décolonisation. Là, des indices de plus en plus probants laissent apparaître une volonté sournoise, au sein même du Conseil de sécurité de l'ONU, de donner du crédit à la thèse marocaine et c'est ce contre quoi le MAE sahraoui se dresse en rappelant que la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) « doit jouir de toutes ses prérogatives et échapper totalement à l'emprise et au contrôle de l'administration coloniale », ajoutant, par ailleurs, que « pour le Front Polisario, il n'y aura aucune tolérance à l'égard de toute tentative de changer sa mission, qui consiste à organiser un référendum d'autodétermination ». A la faveur d'une déclaration à l'Agence de presse sahraouie (SPS) portant sur la position de la RASD après l'adoption, la semaine dernière, par le Conseil de sécurité de l'ONU, de la résolution 2494, le chef de la diplomatie sahraouie a tenu à rappeler que « l'engagement de respecter le cessez-le-feu est lié et assujetti à l'engagement de tenir un référendum d'autodétermination », étant entendu que ces conditions sont à la base même de l'accord qui a conduit à la mise en place de la MINURSO, « en tant que mécanisme de mise en œuvre ». « Il y a des lignes rouges tracées du sang des martyrs et elles sont infranchissables, et celui qui osera devra faire face au peuple sahraoui », a-t-il ainsi mis en garde en se référant à la tentative d'investir le Conseil de sécurité pour passer outre les « décisions de la légalité internationale afférentes à la question du Sahara occidental ». C'est là un mauvais calcul et une tentative délibérée pour embraser la région en maintenant des « intérêts égoïstes et coloniaux » dans le cadre d'une occupation illégale et « d'un fait accompli par la force des armes ». Pour le MAE sahraoui, il y a « une complicité flagrante avec l'occupation marocaine illégale, à l'intérieur même du Conseil de sécurité » allusion à peine voilée à la France, qui ne cesse, depuis plusieurs décennies, de contrecarrer les efforts onusiens. Or, ces manœuvres ont atteint le stade du paroxysme avec des tentatives de changer la mission de la MINURSO par le biais d'une introduction de « nouvelles formulations et de terminologies totalement contraires à la lettre et à l'esprit de l'accord des deux parties, aux résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et aux décisions et dispositions de l'Union africaine et de la Cour internationale de justice ». « Nous affirmons clairement et de manière responsable que ni la France ni le Maroc ni aucune autre partie ne peuvent confisquer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance», a martelé le MAE sahraoui qui observe que « trois décennies de tergiversations et de manœuvres d'achat des consciences n'ont servi à rien, si ce n'est aggraver, au Maroc, la pauvreté et la privation, retarder l'instauration de la démocratie et entraver l'intégration maghrébine». Se référant à l'adhésion de la communauté internationale aux droits du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, il rejette catégoriquement les prétentions du Maroc à une souveraineté sur le Sahara occidental qui ne sont rien d'autre que l'expression colonialiste « des chimères expansionnistes et de la mainmise par la force brutale sur les territoires voisins ». Or, cette époque est définitivement révolue et le Maroc aura beau nager à contre-courant de la position internationale, telle qu'elle est illustrée par les résolutions de l'ONU et de l'Union africaine, ses manœuvres sont condamnées à l'échec.